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apiculteurs, syndicats de hannetonnage, contre le maraudage, pour la destruction des corbeaux, syndicats purement ouvriers, etc.

Il convient de mentionner les syndicats fondés sous l’inspiration du clergé ou se rattachant à l’œuvre des Cercles catholiques d’ouvriers : en tête de leurs statuts, sur leurs bannières, ils inscrivent l’idée chrétienne, le sentiment religieux, qui jadis tempéraient l’orgueil et la dureté des vieilles corporations ; ils visent à reconstituer celles-ci en les modernisant. Leurs fondateurs, auxquels on reproche d’être un parti de contemplation historique, prennent cette double devise : Religion et Liberté, Libres à l’entrée, libres à la sortie sont les nouvelles unions de métiers, mais leurs membres auront un idéal autre que la philanthrophie ou l’amour du gain, le lien si intense d’une même foi. Rien de plus intéressant, en un sens, que cette entreprise conduite par des hommes tels que MM. de Mun, Ancel, La Tour du Pin, Harmel ; mais elle ne peut embrasser qu’une sphère d’action limitée, et il semble plus prudent de ne mettre dans l’agriculture ni la politique ni la religion, qui écarteront la masse des indifférens et des dissidens, et qu’on accusera toujours de tendre au principal, de chercher à se faire la part du lion. Commune devise, sérieux efforts pour faire régner la fraternité, améliorer les rapports entre patrons et ouvriers, développer le bien-être matériel et moral par la prévoyance, par l’arbitrage dans les contestations sur les intérêts agricoles, repos du dimanche, assistance aux funérailles des adhérens, tels sont leurs traits distinctifs. Trois catégories de membres : fondateurs ou bienfaiteurs, propriétaires ou chefs d’exploitation, simples associés. À l’instar des confréries, la plupart célèbrent une fête patronale : Saint-Isidore, laboureur, pour les syndicats d’agriculteurs ; Saint-Fiacre, jardinier pour les syndicats horticoles ; Saint-Vincent, vigneron, pour les syndicats viticoles ; d’autres choisissent Saint-Joseph, Saint-Sébastien, Saint-Martin, Notre-Dame des Champs.

L’abbé Lemire, député du Nord, a fondé, dans l’arrondissement D’Hazebrouck, un certain nombre de sociétés agricoles communales, qui s’adressent aux petits propriétaires, fermiers et ouvriers, et se réunissent deux fois l’an en assemblées générales ; celles-ci émettent des vœux et des pétitions sur les réformes législatives et les questions économiques ; la cotisation est de 25 centimes par an. Ces syndicats ne s’occupent pas directement des intérêts matériels,