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mais ils s’efforcent de réaliser l’union des cultivateurs en constituant un instrument de progrès moral et intellectuel.

À peine formés, les syndicats locaux ont voulu profiter de l’article qui leur confère le droit d’avoir une union syndicale, capable de donner une impulsion et une direction, de coordonner les efforts, de les éclairer et les guider. L’Union centrale des syndicats des agriculteurs, fondée en 1886, grâce à l’initiative de la Société des Agriculteurs de France, avait, au 1er janvier 1900, 936 syndicats affiliés. Service de renseignemens et de consultations, bulletin mensuel, enquêtes, étude des questions économiques qui touchent les intérêts professionnels des agriculteurs syndiqués, examen des questions législatives, fiscales, douanières, pendantes devant le Parlement, facilités pour assurer l’usage du laboratoire de la Société des Agriculteurs de France, efforts multiples pour organiser une représentation effective de l’agriculture, encouragemens à la création de nouveaux syndicats, voilà le champ d’action de l’Union, action théorique plutôt que pratique, puissante toutefois par la force morale qui s’en dégage : d’ailleurs la loi de 1884 permet aux syndicats de se fédérer, mais n’accorde pas aux unions la personnalité civile.

Elles se sont formées cependant, tantôt par départemens, tantôt par régions, celles-ci ayant parfois un caractère plus rationnel que le département, présentant une sorte d’unité au point de vue des mœurs, coutumes, besoins, dialectes et cultures. Notre rural, si individualiste, si réfractai re à l’association (le premier essai qui en ait été fait remonte à la tour de Babel, me disait l’un d’eux), notre rural, après quelques hésitations bien naturelles, a adopté les syndicats, compris que par l’union leur force se multipliait au lieu de s’additionner seulement. Nous avons maintenant dix unions, chacune embrasse un groupe de départemens, et ce groupe forme en général la circonscription d’une ou plusieurs anciennes provinces. La première en date, la première aussi par le nombre et l’influence agissante, l’Union du Sud-Est créée en 1888, recrute ses syndicats dans la Savoie, Haute-Savoie, Ain, Drôme, Isère, Loire, Saône-et-Loire, Rhône, Ardèche et Haute-Loire. — Viennent ensuite : l’Union des syndicats agricoles de la région du Nord, fondée en 1891 pour les départemens du Nord, du Pas-de Calais, de la Somme et de l’Oise ; — l’Union des syndicats agricoles de Normandie, qui siège à Caen, rayonne sur les cinq départemens.