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âmes, prennent possession de celles-ci au nom de la science, du bonheur général.

Pour faire court, j’invoquerai un exemple décisif, celui de l’Union du Sud-Est, exemple qui a rencontré de nombreux imitateurs, et qui suscite tous les jours de nouveaux émules.

Fondée en 1888, elle groupe, en 1906, trois cent quarante syndicats qui comprennent plus de 85 000 adhérens, et se répartissent sur dix départemens dont Lyon est le centre. Par rapport aux rentiers du sol, pour employer la formule de Chevallier, le nombre des travailleurs du sol dans les syndicats communaux, s’élève à 93 p. 100. C’est l’Union qui organise en 1894 à Lyon le premier congrès des syndicats agricoles, grâce auquel ceux-ci prennent conscience de leur force et « se révèlent à eux-mêmes ; » ses vœux servent à la préparation de plusieurs lois nouvelles : par ses soins, quatre boucheries sont ouvertes à Lyon, et ces boucheries prospèrent. Elle adjoint à son office une société coopérative pour l’achat et la vente de toutes sortes de produits, société à capital variable, civile, ne traitant qu’avec les adhérens, et qui, avec un capital de cent mille francs, a fait en moins de sept ans 9 515 471 francs d’achats, réparti ou mis en réserve près de cinq fois son capital ; elle intéresse à l’œuvre le personnel salarié, crée à son profit une caisse des retraites[1]. La coopérative, en dehors des économies qu’elle a fait réaliser directement ou indirectement, a, d’après le compte-rendu de 1903, distribué aux syndicats unis 282 250 fr. 75, placé aux réserves ou aux comptes spéciaux de garantie 110 465 fr. 05.

L’Union s’occupe de l’enseignement professionnel : publication d’un Bulletin mensuel tiré à 32 500 exemplaires ; almanach annuel de deux cents pages environ avec gravures, vendu dix centimes, tiré à 100 000 exemplaires ; (la plupart des syndicats le distribuent gratuitement) comité de législation et de contentieux avec consultations gratuites aux adhérens ; conférences aux adultes, éducation agricole des enfans, programmes d’enseignement adressés aux instituteurs de toutes les communes rurales. À ceux-ci, lorsqu’ils en expriment le désir, on envoie des examinateurs chargés de faire subir aux élèves des examens pratiques

  1. M. Silvestre, secrétaire général adjoint de l’Union du Sud-Est, a publié deux volumes sur elle en 1900. Voyez aussi les comptes-rendus annuels des Assemblées générales, Rocquigny. Chevallier.