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de celles-ci ; rien de plus précis que les règles relatives à l’analyse des échantillons, elles ne permettent ni fraude, ni soupçon de fraude. En 1900, le produit total de l’hectare s’élevait en moyenne à 978 francs, chiffre plus rémunérateur que celui qu’ils auraient reçu d’un fabricant de sucre. La société autorise ses membres à profiter de tous ses marchés ; en 1900, elle leur livrait le charbon de Charleroi à raison de 37 francs la tonne, alors que le commerce le vendait 60 francs.

Des sociétés coopératives de battage à vapeur se fondent et prospèrent. Celle d’Haudivillers (Oise) date de 1870 : renouvelée pour douze ans en 1881 et en 1893, elle a pu établir le prix d,e revient du battage à 17 francs pour les 1 000 gerbes, et 12 francs pour l’avoine, alors que les entrepreneurs de battage exigent 25 à 28 francs ; le prix de revient de l’aplatissage est de 50 centimes par quintal, celui du concassage de 1 fr. 50 : ces opérations donnent au grain une plus grande valeur nutritive. Pour l’usage de la machine commune, on a établi un ordre de roulement assez rationnel. A Vineuil (Loir-et-Cher), le battage commence de plein droit par ceux qui font leurs vingt-huit jours d’exercices militaires, ceux qui délogent, ou qui ont des réparations graves à exécuter dans leur logement. A Flaucourt (Somme), l’assemblée générale, réunie le premier dimanche d’août, détermine l’ordre à suivre pour les battages, et cet ordre est tiré au sort. Ces petites sociétés de battage amortissent rapidement leur capital ; à Montreuil-sur-Brèche (Oise) ce capital est inférieur à 8 000 francs, et, en vingt-cinq ans, l’entreprise procure à 42 associés un bénéfice de 35 000 francs. Voici le budget moyen de cette société pendant dix ans : Recettes : 112 000 gerbes de blé à 18 francs le mille, 2 016 francs ; 49 000 gerbes d’avoine à 13 francs le mille, 337 francs ; 23 000 gerbes de graines de trèfle et de luzerne à 10 centimes le kilo, 230 francs ; total, 2 583 francs. — Dépenses : amortissement d’un capital de 5 500 francs : 770 francs ; salaires de deux employés : 1033 francs ; combustible et réparations : 780 francs total ; 2 583 francs. — Lentement, mais sûrement, l’idée coopérative s’infiltre dans le monde agricole ; par l’entente des intérêts collectifs, le sens de l’intérêt individuel s’affine, s’élargit et se moralise ; des milliers de petites patries économiques se créent sur tous les points du sol, et développent l’intelligence de la grande patrie : l’intérêt du voisin ne semble plus l’ennemi, puisqu’il se concilie avec le nôtre, puisque cette union nous