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reine a trop de secrétaires et de maîtres des requêtes, quelque peu payés que soient ces personnages ; Marie de Médicis, obligée de présenter sa défense, explique que c’est le roi qui en a nommé le plus grand nombre ; que néanmoins elle s’excuse et promet de n’en pas augmenter le chiffre, même de le diminuer ; tantôt la cour prend sur elle d’exclure les officiers de la maison de la reine des privilèges et exemptions dont jouissent les autres officiers des maisons royales, privilèges dont le plus clair est d’être dispensé de payer impôt. Ce sont de perpétuelles chicanes ! Avec les oppositions que fait la cour à enregistrer les édits de créations de ressources qu’on lui apporte, — on a vu combien le cas est fréquent ; heureux quand les observations ne portent que sur des formules de rédaction, car alors on en est quitte pour changer les termes de l’édit, — les ennuis de toutes sortes causés à la souveraine dans le maniement de ses finances sont sans limites. Malgré les apparences lointaines de l’autorité absolue et la doctrine consignée au bas des actes royaux du « tel est notre plaisir, » il en va loin que les personnes royales soient maîtresses indiscutées. La force d’opposition des différens organismes ne provient pas d’un reste d’esprit frondeur, conséquence des troubles des guerres civiles ; elle est la forme d’une tradition administrative, bureaucratique, étroitement formaliste et pointilleuse. C’est en vertu de cette tradition que la reine, après la mort d’Henri IV, n’a pas été aussi à même qu’on le croirait de donner libre cours à toutes ses fantaisies. Elle a eu plus de facilité pour commander ; ses recettes régulières ont été accrues ; mais les embarras se développant avec les dépenses, la princesse en a été réduite à des extrémités encore bien plus singulières.


Régente du royaume, Marie de Médicis ne pouvait pour dignement représenter, se contenter du crédit primitif de son budget, que d’ailleurs elle conservait, 400 000 livres. Elle eut d’abord en plus son douaire. Consultant les précédens, les hommes de bureaux décidèrent que ce douaire ne devait pas dépasser 150 000 livres de revenu, ce qui n’était pas très considérable, eu égard aux moyennes d’excédens annuels de la reine. Des lettres patentes du 25 juillet 1611 fixèrent, en même temps que ce chiffre, les terres et seigneuries sur lesquelles Marie de Médicis le prélèverait. Encore le douaire n’était-il présenté officiellement que comme l’équivalent « des intérêts de la dot » de la souveraine. Les jurisconsultes