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arrivée, elle se ravisa, solda 328 419 livres d’arriéré, et se fit remettre de la main à la main par Florent d’Argouges, sur les 79 581 qui restaient, 50 000 livres, « pour subvenir, disait-elle, à nos affaires particulières. » La chambre accepta qu’on fût allé chercher 400 000 livres au trésor sans autre justification et qu’on eût payé 320 000 livres de dettes ; mais elle raya les 50 000 livres des registres de M. Florent d’Argouges et les lui laissa à son compte, sous prétexte « qu’il n’y avait pas de recette de ces 50 000 livres. » D’Argouges eut beau expliquer que c’était le restant disponible des 400 000 livres, il n’obtint rien ; force fut d’attendre quatre ou cinq ans et les ordres impérieux de la reine régente afin que la cour se décidât à s’incliner par obéissance.

Le trésorier attendit parfois neuf ans, dix ans, avant de voir régulariser des détails insignifiants de comptes. Dans le budget de 1601 il se trouvait un certain M. Cappe, médecin, qui avait touché 90 livres ; en 1603, un M. Arnauld, conseiller, qui avait reçu 110 livres 10 sols : M. de Bullion, 300 livres ; M. de Rougemont, conseiller clerc d’office, 200 livres. La chambre notifia que M. Cappe n’était inscrit sur les états que comme devant recevoir 10 livres ; que M. Arnauld, n’ayant eu le brevet de sa provision de conseiller que le 8 mai 1603, ne pouvait pas toucher l’année entière de son traitement ; que quant aux deux autres, leurs noms ne figuraient pas sur les états de la maison ; cela faisait en tout 663 livres indûment payées, disait-elle, par le trésorier général : elle les raya. Dix ans durant, le trésorier et la reine réclamèrent, le premier ayant avancé la somme de ces deniers. Ce ne fut qu’en 1612, par un mandement de la régente, que la chambre, recevant l’ordre formel de régulariser ces 663 livres, céda.

Il n’était minutie administrative que la chambre n’invoquât pour refuser l’approbation de dépenses particulières. Lorsque la reine donnait une gratification d’argent à un individu quelconque de sa maison, le document devait être contresigné par le secrétaire de ses commandements, M. Phélippeaux de Villesavin. Une fois, elle s’avisa de gratifier de 1 200 livres M. Phélippeaux lui-même ; et celui-ci, sans penser à mal, contresigna l’ordonnance. Ce fut toute une histoire ! Jamais la cour souveraine ne voulut maintenir ces 1 200 livres, sous prétexte « que ledit Phélippeaux ne pouvoit signer sa propre gratification comme secrétaire des commandements. » Il fallut encore un mandement royal.

Et que de réclamations ! Tantôt la chambre trouve que la