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alors un premier ministre réel, que ce fût Choiseul ou d’Aiguillon. Quelque chose peut-être de pareil s’est vu sous Louis XVI, anarchie entre les Maurepas et les Turgot. Mais, sous un jeune Empire, j’avoue que cela ne se conçoit pas, et pourtant vous montrez la plaie à nu. Pour vous, laissez passer les commentaires ; vous avez eu une belle pensée d’union, d’oubli généreux, de prévoyance ; malgré les noms que vous citez, vous n’avez consulté que vous-même dans votre inspiration vraiment patriotique et vraiment désintéressée ; votre tentative a son originalité, je dirai unique et parfaitement honnête. Vous nous la racontez et vous nous l’exposez en bien des endroits avec éloquence. Votre conclusion est des plus élevées. Combien je me suis senti fier que mon nom se soit rencontré sous votre plume, et dans de pareils termes, au moment où vous abordiez une des plus hautes et des plus délicates questions qui pèsent sur notre avenir ! »

En résumé, à Paris, où la majorité était gagnée à l’esprit révolutionnaire, ce livre exaspéra le parti révolutionnaire et ne le rendit que plus ardent. Au contraire, en province, il accéléra le mouvement constitutionnel et contribua à son succès prochain.


EMILE OLLIVIER.