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vallées dominées par de hautes crêtes arrondies, disposées en cuvettes juxtaposées, reliées entre elles par de longs couloirs ou par des brèches comparables aux cols qui, sur la terre, permettent de passer d’un bassin montagneux à un autre bassin. Certes le lit océanique, considéré dans son ensemble, paraîtrait à ce voyageur moins pittoresque que la surface continentale ; mais sa grandeur même lui communiquerait un caractère d’incomparable majesté. Les sondages profonds de l’avenir, dont il se donne environ un millier chaque année, préciseront de plus en plus ce relief grandiose et bizarre.

Sur les continens, le relief du terrain, son modelé, sa topographie, ne sont pas les seules particularités à prendre en considération : sa nature propre est tout aussi importante. Dans les grands déserts de l’Afrique et de l’Asie, il est sableux ou pierreux ; ailleurs, il est rocheux et les roches apparaissant à sa surface sont de diverses espèces. Ici, il est recouvert de terre végétale propre à la culture, là il est calcaire, ou siliceux, ou volcanique. Chacun de ces sols résulte d’un ensemble de circonstances qui lui ont permis d’être ce qu’il est, de se trouver là où il est, de posséder des propriétés particulières et de servir à des usages spéciaux ; là, de porter de riches moissons, des prairies ou des forêts, plus loin, d’être stérile et dénudé, plus loin encore d’être exploité soit comme combustible, soit pour la fabrication des briques, pour y tailler des pierres de construction ou d’ornement, pour en extraire des métaux. De même, le sol de la mer offre une constitution variable selon la localité : il est composé d’élémens minéraux différant entre eux par leurs dimensions, leurs formes et leur nature minéralogique.

Si notre voyageur, cessant de regarder autour de lui, baisse les yeux sur le terrain même qu’il foule de ses pieds, il ne manquera pas de remarquer, selon les endroits, de notables différences dans son aspect et dans sa nature. Partant de la côte et se dirigeant vers le centre des océans, alors que la couche d’eau sera encore mince, il se heurtera d’abord à de gros blocs de pierre irréguliers, anguleux, débris des falaises bordant le rivage au bas desquelles ils sont tombés et se sont accumulés. Après les avoir péniblement contournés, le terrain deviendra bientôt moins difficile ; les blocs, diminuant de volume, se transformeront en galets arrondis, puis en gravier. Il parviendra alors au milieu de sables ayant un grain