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les plus anciennes et les plus productives, celles d’Alger à Oran et de Constantine à Philippeville, a proposé, il y a quelques semaines, au gouvernement de l’Algérie, un projet très ingénieux et très pratique d’exploitation commune, sous le contrôle et avec la participation de la colonie, de toutes les voies ferrées algériennes. Il a obtenu, à ce sujet, l’adhésion des diverses compagnies existantes. Cette combinaison assurerait l’unité d’exploitation et des tarifs, la baisse de ceux-ci, l’extension du réseau algérien. Elle rendrait superflue la lente et incertaine procédure du rachat que l’on a envisagée pour l’une d’elles. Cette combinaison transformerait la situation de l’Algérie au point de vue des voies ferrées. Elle se recommande à l’approbation des pouvoirs publics.

Ce qui paraît manquer le plus à notre administration algérienne, c’est la rapidité des décisions, si nécessaire en colonisation : elle est encore trop garrottée dans les lisières, les traditions méticuleuses et soupçonneuses, les formules peu souples de l’administration métropolitaine.

Elle a accompli, cependant, quelques réformes sérieuses : on peut ranger au premier rang parmi celles-ci la constitution fort heureuse de l’Assemblée dénommée « les Délégations financières algériennes, » où siègent à la fois des colons et des indigènes. Ce corps n’a pas été encore envahi par le fléau politicien. Il statue sur le budget autonome de l’Algérie, créé en décembre 1900. La colonie s’est montrée digne de la confiance de la métropole ; elle exerce avec beaucoup de prudence jusqu’ici et de bonheur les droits financiers que la France lui a conférés. Elle a fait preuve d’un esprit d’ordre et d’économie qui a produit d’excellens fruits ; elle donnerait des leçons, sous ce rapport, à tous les pouvoirs publics métropolitains : parlement et gouvernement, conseils généraux et conseils municipaux. Il suffit de rappeler rapidement les résultats des budgets algériens pour les exercices écoulés. L’exercice 1901, le premier depuis la constitution du budget autonome, se règle par un excédent de recettes de 3 700 000 francs ; on constate 6 188 000 francs d’excédent pour l’exercice 1902 ; 9 244 000 d’excédent pour l’exercice 1903 ; 8 millions et demi environ pour l’exercice 1904 ; l’année 1905, quoique affectée par de mauvaises récoltes et la mévente des vins, présente aussi un excédent, dont le chiffre exact n’est pas encore connu. Le rapporteur habituel du budget aux délégations financières, M. de Solliers,