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d’un million de francs, et elle voit augmenter sans cesse le nombre de ses auditeurs, qui atteignait 1 500 en 1905.

En Espagne, l’enseignement commercial a été longtemps très bien organisé… sur le papier. On avait eu le tort de l’annexer aux lycées et collèges, de sorte qu’il était décrié et végétait faute d’élèves. Ce n’est guère que depuis le nouveau décret du 17 août 1901, que ces écoles ont pris consistance, et il est probable qu’elles vont prendre maintenant de l’extension, puisque l’on prête à M. Moret l’intention de s’appuyer sur elles pour commencer la lutte de l’enseignement laïque contre l’enseignement congréganiste, tout-puissant jusqu’à présent dans les écoles publiques.

Aux États-Unis d’Amérique, l’enseignement commercial a été pendant fort longtemps d’une extrême originalité. Il n’était donné que par les Business Colleges, sortes d’entreprises industrielles dont l’idéal était de fournir, en quelques semaines et à n’importe quelle époque de l’année, à l’homme ou à la femme désireux de devenir commis ou teneur de livres, un bagage de connaissances techniques suffisant pour lui assurer une rémunération convenable. Les noms de MM. Packard, Bryant et Stratton, qui, vers 1850, fondèrent ce genre d’écoles et le répandirent sur toute la surface des États-Unis, sont restés à bon droit populaires, d’autant plus qu’ils y gagnèrent de jolies fortunes, ce qui est la meilleure des recommandations là-bas. Le voyageur européen qui visite les États-Unis est constamment frappé par les idées nouvelles qu’il y rencontre, mais nous nous souvenons particulièrement de l’étonnement que nous éprouvâmes vers 1860 en visitant l’une des huit ou dix écoles de ce genre alors en exercice. Hommes et femmes de tout âge et de toutes conditions s’y trouvaient pêle-mêle, transformés à forfait en employés, et cela dans l’espace de deux à trois mois, par un enseignement des plus terre à terre et qui, nouvelle originalité, n’en comprenait pas moins un cours d’élocution, tellement les Américains reconnaissent l’utilité de savoir exprimer leurs pensées en public.

Les choses ont marché depuis, et c’est au contraire vers les hautes études commerciales que ce pays s’oriente avec ardeur en ce moment, à la suite du voyage que M. Edmond James, alors professeur à l’Université de Chicago, et aujourd’hui président de l’Université de l’État de l’Illinois, fit en Europe, il y a une dizaine d’années, pour y étudier d’une façon approfondie les écoles supérieures de commerce. Son livre sur l’éducation, des