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mouvement colonial qui est l’un des faits capitaux de l’histoire de notre pays en ces trente dernières années. Marseillais d’origine et Marseillais de cœur, M. J. Charles-Roux est un créateur et un réalisateur ; son esprit d’initiative, son expérience d’homme d’affaires et d’homme public ont contribué dans une très large mesure au succès de l’Exposition. Autour de ces deux têtes, les bonnes volontés se sont empressées, nombreuses, ardentes à concourir à la réussite de l’entreprise ; mais celles-là seulement qui portaient le cachet d’origine provençale ont été agréées : l’œuvre devait rester et est restée marseillaise. La Société de géographie de Marseille et son vénéré président, M. Delibes, l’Université d’Aix-Marseille et notamment MM. Paul Gaffarel et Paul Masson, bien connus, l’un par ses nombreux travaux de géographie et d’histoire coloniales, l’autre par son bel ouvrage sur le Commerce français dans le Levant, le Syndicat d’initiative de Provence, toutes les sociétés scientifiques ou coloniales de la région ont contribué à l’effort commun. Le 28 octobre 1902, le Conseil municipal votait le principe d’une Exposition et accordait une subvention ; le Conseil général des Bouches-du-Rhône en faisait autant de son côté. Le gouvernement n’intervenait que pour donner à l’entreprise le caractère officiel et nommait le commissaire général, M. J. Charles-Roux, le commissaire général adjoint M. Heckel, le directeur et les directeurs adjoints ; mais, en dehors de cette formalité, le pouvoir central n’intervenait pas : Paris ignorait Marseille. Le comité marseillais et les gouverneurs des colonies agissaient de leur propre et libre initiative.

Le projet de Marseille trouva auprès des gouverneurs des colonies l’accueil le plus empressé et le concours le plus actif. Grâce à la création des grands gouvernemens coloniaux, il n’était plus nécessaire de s’adresser à de nombreux fonctionnaires ; il suffisait de s’entendre avec cinq hauts potentats qui manient des budgets énormes et administrent de vastes empires, les gouverneurs généraux de l’Algérie, de l’Afrique occidentale, de Madagascar, de l’Indo-Chine et le résident général en Tunisie ; il se trouvait heureusement que tous, avec des caractères différens et des méthodes personnelles, étaient des hommes de mérite, ardemment dévoués à leur œuvre ; MM. Jonnart, Roume, le général Galliéni et après lui M. Augagneur, MM. Beau et Pichon, comprirent la portée de la manifestation coloniale préparée à Marseille et prirent à cœur d’un assurer le succès.