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pas moins, monsieur, de laisser aller l’impression. Nous sommes trop loin pour nous entendre sur toutes les syllabes, et nous perdons un temps précieux. D’ailleurs, il est essentiel de conserver à mon ouvrage cette physionomie d’indépendance qui peut le recommander aux Français. J’ai pris les plus grandes précautions pour écarter toute idée de commission directe, et pour que le Roi ne puisse être soupçonné de désapprouver, dans ce livre, autre chose que les prétentions parlementaires exagérées. J’ai donné à la pièce, en général, une forme hypothétique qui devenait nécessaire, dès que je ne pouvais citer cette critique, même de supposition ; je l’ai tempérée par des éloges, car le moment est venu où il faut plus que jamais, suivant l’expression de saint Paul, dire la vérité avec amour. Tout ce qui demande un roi (pourvu que ce soit le légitime) doit être embrassé comme frère ; sur tout le reste, il faut ajourner les querelles, sans jamais perdre de vue cette grande vérité aussi certaine qu’un axiome de mathématique, que dans peu d’années, les Français auront nécessairement, invinciblement, le gouvernement qui leur convient.

« Je regrette infiniment, monsieur le comte, de n’avoir pas eu une idée : c’était de vous demander pour mon livre une préface par une bonne main française, au lieu de cet « Avis » qui est certainement d’un homme très estimable, mais qui n’est, cependant, qu’une espèce de boutade fondée sur ce que j "avais choqué ses systèmes en soutenant fa réalité et l’excellence de votre ancienne Constitution. Nous avons eu sur ce point des discussions dont vous vous apercevrez en lisant la deuxième édition.

« Je crois faire plaisir au Roi, monsieur le comte, en lui apprenant que mon ouvrage vient d’être réimprimé en France ; je ne sais dans quelle ville. Ce que je craignais est arrivé ; on a réimprimé le livre sur la première édition. Toutes les fautes sont copiées scrupuleusement, et il y en a de nouvelles. En copiant la note de la page 241 (236 bis), les nouveaux éditeurs n’ont pas manqué d’imprimer « voir ci-devant la page 216, » quoique leur édition n’en ait que 191. Il n’est pas possible d’être plus automate. Cependant, les intentions du Roi sont remplies et l’ouvrage exécuté. Donnez vos soins, je vous en supplie, pour que la deuxième édition fasse son chemin, et parvienne surtout aux journalistes du bon côté.