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de la fixité du fonds vital, ces écrivains ont cru ingénument qu’il s’agissait de leur bien, de leur propriété. Il s’en est fallu de peu qu’ils aient crié au plagiat. Que dis-je ? ils l’ont fait. Les conceptions, les phrases mêmes que l'on trouve dans les écrits de Claude Bernard entre 1869 et 1878, ou dans ceux où moi-même je n’étais que le porte-parole de ce maître, par exemple dans la Revue philosophique de l’année 1879, — ces textes datant de plus de vingt ans, — l’un de ces écrivains, M. Corpechot, y a vu simplement des « métaphores ingénieuses » ou des « formules excellentes » pour exprimer les idées de M. Quinton, — c’est-à-dire d’un auteur qui, si je ne me trompe, devait, en ce temps-là, être encore au collège.

Il serait cruel d’insister. Une vérité si évidente s’impose aux esprits de bonne foi. Elle s’est imposée à M. J. de Gaultier. Dans les passages que nous avons cités plus haut, il reconnaît que le fixisme physiologique et l’évolution morphologique sont des notions tombées dans le domaine public. Il les qualifie de « notions acquises. » On savait, dit-il, que la vie accuse un certain caractère de fixité ; « on savait d’autre part qu’il existe une évolution des formes vivantes. » On le savait depuis vingt-cinq ans : c’est là tout ce que j’ai dit. Et voilà la première satisfaction que je reçois.


Et maintenant voici la seconde.

Ces deux « notions acquises, » dit M. J. de Gaultier, étaient considérées comme indépendantes. C’est là une erreur. On reconnaissait entre elles un lien d’interdépendance exprimée par une loi fondamentale, classique au sens strict du mot, puisqu’elle figure, si je ne m’abuse, sur le programme d’agrégation des lycées, c’est la Loi de constitution morphologique des organismes. Elle exprime que l’architecture de l’être vivant, le plan morphologique qu’il réalise dans son développement évolutif, doit s’accommoder aux conditions étroites de la vie cellulaire, conditions intrinsèques (propriétés du protoplasma) et conditions extrinsèques (milieu).

Elle s’exprime ainsi : « La structure des espèces animales ou végétales dépend des exigences de la cellule protoplasmique. L’organisme est construit en vue de la vie cellulaire. Ses fonctions correspondent à la réalisation, en nature et en degré, des quatre conditions de cette vie : humidité, chaleur, oxygène, réserves. » C’est pour permettre la vie cellulaire que les organes s’ajoutent aux organes et les appareils aux appareils. Ces appareils, digestifs, respiratoires, etc., n’existent pas pour eux-mêmes comme des ébauches capricieuses