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d’une nature artiste ; ils sont disposés pour permettre et régler plus rigoureusement la vie cellulaire.

Tout cela est pris textuellement dans les Leçons de Claude Bernard et dans la Revue philosophique de 1878-1879. Il en résulte que l’évolution des formes doit respecter les conditions sensiblement invariables de la vie cellulaire, c’est-à-dire le fixisme physiologique. La fantaisie morphologique contenue par la soumission aux lois du fixisme, libre dans les limites de ces lois, voilà la solution de Claude Bernard et des physiologistes ; voilà à quoi doit se borner, dans l’état actuel de nos connaissances, la prudence scientifique. On remarquera que cette loi de la constitution morphologique des organismes n’a point la prétention d’expliquer la genèse des formes vivantes : comme elle est impliquée dans toutes, il semble a priori difficile qu’elle puisse rendre compte d’aucune en particulier. — En dépit de cette objection de principe, y a-t-il pourtant certaines variations morphologiques que l’on puisse rapporter avec vraisemblance aux conditions extrinsèques de la fixité vitale ? C’est possible : et pour répondre à cette question, il faudrait examiner l’œuvre propre de M. Quinton[1].


La solution des physiologistes, — l’évolution ayant des causes particulières dans les limites des lois, du fixisme, — n’est point celle des philosophes comme M. de Gaultier. Ceux-ci ne conçoivent la corrélation de la notion morphologique et de la notion vitale que comme un asservissement de l’une à l’autre. L’évolution morphologique a pour cause la fixité vitale : elle est « le moyen employé par la vie pour maintenir sa fixité. »

Que disions-nous donc ? Que disait M. Boutroux en parlant de ce travers de beaucoup d’esprits français de ne pouvoir admettre la coexistence des « divers » et de prétendre ramener tout à l’unité ? Voici la fixité vitale et l’évolution. Il faut que l’une expulse l’autre ou l’absorbe : se soumettre ou se démettre ; l’exil ou la conversion. Dans l’école nouvelle nous venons de parler de ceux qui tiennent pour l’absorption, la confusion.

D’autres tiennent pour l’antagonisme. Ce sont ces derniers que j’avais surtout en vue dans le passage qui a provoqué les réclamations

  1. Dans ce qui précède, nous n’avons point mis en cause M. Quinton parce que nous ne savons point, en définitive, si ses amis expriment sa pensée ou la dépassent. — Quant à l’œuvre propre à ce savant, nous l’examinerons ailleurs, dans un recueil qui se prête mieux que la Revue des Deux Mondes à une polémique scientifique.