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groupement ph. Ce dernier, faisant double emploi, devrait donc disparaître.

Dans cet ordre de modifications, les novateurs semblent avoir oublié une simplification non moins essentielle et non moins facile, la suppression de la lettre q, laquelle ne figure en français dans les mots composés que suivie de l’u : qu, et toujours avec le son k, qui suffirait parfaitement dans tous les cas.

D’ailleurs, comme lettre finale, le q ne figure aujourd’hui, je crois, que dans deux mots, coq et cinq, où le k suffirait.

Le k suffirait aussi à la place du système ch prononcé avec son dur, ce qui étendrait l’élimination de l’h.

Par contre, il pourrait y avoir lieu d’ajouter à l’alphabet français certaines lettres pour exprimer des sons très réellement prononcés, mais écrits d’une façon à prêter à confusion. Tel est le son ch doux dans les mots : chercher, chat, chiffre, choc, chute. De même l mouillée.

De même encore, le groupement gn avec son mouillé : agneau, règne, signe.

Ramus avait déjà proposé de telles additions au XVIe siècle. D’après la même idée, on a proposé d’affecter la lettre double w, inusitée en français, au système complexe qui se prononce oua : proposition contestable, à cause de la valeur connue de cette lettre en allemand et en anglais.

Observons que ce procédé d’additions de signes littéraux n’est pas insolite : il est déjà usité dans certaines transcriptions de langues étrangères. En effet, les savans qui impriment, avec les caractères ou lettres de l’alphabet latin, les textes des langues de l’Orient, et même les textes de la langue russe, ont été contraints d’introduire dans cette représentation des accens, notations et signes tout spéciaux.

On voit par là quelles diversités, souvent radicales, existent entre la prononciation des différens peuples, et à quel point il est impossible d’imaginer un système universel de phonétisme en écriture.

Peut-être n’est-il pas superflu de rappeler ici les tentatives faites à différentes époques pour enrichir de lettres supplémentaires l’alphabet latin : il suffit de citer les essais faits par l’empereur Claude et par le roi franc Chilpéric.

Dans nos langues modernes elles-mêmes, le rôle des lettres i et u, qui jouaient dans l’alphabet latin le double rôle de