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nombreuses, l’une des plus populaires est celle de la mutualité. Nous avons pu voir, il n’y a pas très longtemps, les rues de Paris envahies par une longue procession de mutualistes accourus de tous les points du pays, et le président de la République déclaré, en témoignage d’honneur, le premier mutualiste de France. Et sans doute, dans presque toutes les œuvres que nous avons décrites, il y a des sociétés de secours mutuels, mais il n’existe pas d’œuvre qui soit uniquement une œuvre de mutualiste. Or M. Kergall, président du syndicat économique agricole de France, qui cherchait à imprimer aux sociétés de secours mutuels un plus grand essor, en augmentant d’une part, leur nombre et de l’autre le nombre des membres honoraires, en vint à imaginer une œuvre très particulière, uniquement féminine, qu’il appelait l’Union mutualiste des femmes de France. « Les femmes, dit justement Mme Lucie Félix-Faure Goyau, sont naturellement de merveilleuses propagandistes. Elles ont le privilège, incomparable pour l’action, de transformer tout de suite l’idée en sentiment, et l’intérêt humain qui s’attache aux mutualités était fait pour éveiller chez elles les sympathies les plus généreuses et les plus ardentes. Des individus se groupant, s’associant, afin de parer aux éventualités de la maladie et de la misère, payant mensuellement, trimestriellement ou annuellement, une légère cotisation afin de secourir ou d’indemniser ceux d’entre eux sur qui sévit la maladie, il y avait là de quoi fixer leur attention soucieuse de la vie pratique. L’idée mutualiste devenait la sauvegarde de ce foyer sur lequel elles règnent, et les plus riches d’entre elles devaient avoir l’intelligence de la destinée féminine, comprendre celles de leurs sœurs pour qui le soin de l’existence quotidienne est le plus souvent une tâche d’un héroïsme ardu. »

Naturellement, M. Kergall désirait que cette œuvre féminine fût dirigée par une femme. Mme la comtesse de Kersaint, « avec une de ces activités dont les femmes seules ont le secret, recueillit, parmi les femmes de toutes conditions sociales, les quelques centaines d’adhésions suffisantes pour créer l’œuvre[1]. » Un bureau provisoire fut nommé ; Mme de Kersaint en était la présidente ; Mme la comtesse R. de Béarn et Mme Cornélis de Witt, les vice-présidentes ; Mme Kergall, la trésorière. Les statuts furent définitivement adoptés en février 1902. Le nom de l’œuvre a

  1. L’Union mutualiste des Femmes de France, par M. Emmanuel Dedé, p. 5.