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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Malgré les protestations contraires de la Confédération générale du travail et des syndicats qui s’y rattachent, il semble bien que le lock-out de la maçonnerie soit à peu près terminé, et que le dénouement en ait été conforme aux espérances des entrepreneurs. Si nous ne sommes pas plus affirmatif, ce n’est pas que le fait soit douteux pour nous, mais seulement parce que les conditions n’en sont pas encore définitivement connues. Combien d’ouvriers ont-ils repris le travail ? On ne le sait pas au juste ; les journaux donnent des chiffres différens ; toutefois, on est bien près de la vérité en disant que les deux tiers des ouvriers sont rentrés dans les chantiers aussitôt qu’ils leur ont été rouverts, et, depuis, le nombre des embauchages va sans cesse en augmentant. Les patrons se déclarent satisfaits. Ils ont dès aujourd’hui assez d’ouvriers et, s’il leur en faut demain davantage, ils ne seront pas embarrassés pour en trouver en province, où beaucoup d’entre eux sont restés ou sont retournés lorsque la crise a éclaté. Ce résultat, on peut le croire, ne fait pas l’affaire des agitateurs. Nous sommes à la veille du 1er mai, jour consacré en principe aux manifestations ouvrières : ils seraient heureux que ces manifestations prissent cette année un caractère plus accentué que celui qu’elles ont eu les précédentes. Et c’est pourquoi la situation reste pour le moment un peu indéterminée.

Mais ce qui est plus intéressant encore que la crise de la maçonnerie, c’est la tentative intelligente et généreuse des entrepreneurs en vue d’une organisation du travail qui, de leur industrie, pourrait s’étendre à beaucoup d’autres. Dès le premier jour du lock-out, les entrepreneurs ont annoncé qu’ils allaient faire aux ouvriers des propositions nouvelles, et on n’a pas tardé à comprendre que, dans leur