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ne sont jamais du même avis, et que les contradictions pour le diagnostic et le traitement sont si graves qu’il faut considérer comme fantaisistes tout diagnostic et tout traitement. Là encore il y a une part de vérité ; mais cette part de vérité est si petite qu’il s’agit plutôt d’une grosse erreur.

En effet, dans quantité de cas, le diagnostic est donné avec pleine certitude. Je me contenterai d’un exemple saisissant. Il y a, parmi les épreuves que doivent subir les candidats au titre de médecin des hôpitaux, une épreuve dite clinique. Il s’agit de l’examen d’un malade fait par le candidat : or naturellement le malade a d’abord été examiné par les membres du jury, médecins titulaires des hôpitaux. Eh bien ! sauf quelques très rares exceptions, les membres du jury sont absolument d’accord au sujet du diagnostic, et le plus souvent le candidat fait, à quelques nuances près, le même diagnostic que les juges.

Assurément il est des cas très difficiles, très obscurs, pour lesquels des opinions différentes sont émises. Mais tous les musiciens portent-ils le même jugement sur l’opéra que vient de donner un de leurs confrères ? Les chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture, et de l’art dramatique ne sont-ils pas contestés ? Comment, alors, sur certains problèmes de pathologie, dont la complexité est effrayante, l’accord pourrait-il être unanime ? Il ne l’est pas toujours, et nous n’en devons pas être étonnés. Ou plutôt, nous devons admirer cette étonnante similitude des diagnostics en songeant que tant de difficultés ont été résolues, et que le problème, ardu entre tous, qui consiste à préciser la nature d’une infection ou l’étendue d’un trouble morbide, va recevoir une solution à peu près identique, et cela non seulement parmi les médecins français, mais encore parmi les médecins de tous les autres pays.

Cela tient aux progrès qu’a faits la science du diagnostic. Chaque progrès scientifique général est devenu rapidement une source féconde d’applications à l’art médical. Dès que la radiographie a été découverte, elle a été appliquée à la médecine et à la chirurgie. La photographie, l’analyse chimique, l’électricité, sont tour à tour, avec le plus grand profit, mises à contribution par le clinicien pour préciser et étendre son diagnostic. Vienne une découverte nouvelle, et on peut être assuré que la médecine et la science du diagnostic se hâtent d’en profiter.

Il est vrai que les méthodes thérapeutiques sont beaucoup