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méthodes d’enseignement étaient souvent primitives, la substance indigeste et les procédés défectueux, la discipline était exemplaire et servait à former des caractères excellens. Le principal objet des écoles sous le régime féodal était de produire de bons soldats, de loyaux patriotes. La grande ambition du daïmyo était de former des samouraïs plus courageux que ceux des provinces voisines. Afin d’arriver à ce résultat, il était de toute nécessité d’inculquer aux enfans les principes de l’obéissance la plus stricte, de la fidélité à leur seigneur, et l’amour du sol natal.

Le courage et l’héroïsme étaient les vertus les plus populaires, l’esprit de sacrifice et d’abnégation, les qualités les plus désirables. Comme à Sparte, — car l’analogie entre l’esprit public de cette antique cité guerrière et celui de l’ancien Japon est très frappante, — les jeunes gens étaient dressés pour faire de bons soldats et des citoyens modèles. La naissance d’un garçon était l’occasion de grandes réjouissances, qui signifiaient qu’un héros de plus venait d’être mis au monde. Ces sentimens se maintinrent au Japon longtemps après la fin des guerres sanglantes de la période Kamakura et des hostilités continuelles entre seigneurs féodaux sous le règne des Ashikaga, tandis que, sous l’administration centralisatrice de la dynastie des Tokugawa, le pays jouissait d’une paix ininterrompue de trois siècles.

Les célèbres Shoguns se gardèrent bien de toucher aux vieilles traditions ; bien au contraire, ils consolidèrent les coutumes patriarcales. En lisant la vie de quelques-uns de leurs souverains, nous sommes frappés non seulement de leur vaillance et de leur courage ; mais encore de la sagesse de leur politique.

Afin de comprendre ce qu’était le Japon lorsque les flottes d’Amérique et plus tard celles de l’Europe y débarquèrent, dans la seconde moitié du siècle dernier, il faut nous rendre compte de l’esprit de la maison des Tokugawa et des idées de leur ancêtre Yeyasu, le fondateur de la dynastie des Shoguns. Ce général habile, fils d’un simple samouraï, vassal de la noble maison Minamoto, à la mort de son seigneur, déclara la guerre à son héritier et, après de nombreux combats, vainquit le puissant daïmyo et établit son influer.ee sur la cour et sur le Mikado lui-même. Lorsqu’il eut une fois consolidé sa position, il résolut de fonder une nouvelle capitale où, à partir de ce temps, ses successeurs dans le shogunat ont tenu leur cour jusqu’à l’époque de la Restauration. Les brillans exploits militaires de ce guerrier