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de l’Occident, afin qu’ils pussent recevoir les mêmes notions techniques et pratiques. Les hommes et les commissions qui furent chargés de réorganiser le système de l’instruction publique et de fonder les institutions modernes ont d’abord étudié consciencieusement les conditions de l’éducation à l’étranger. Dans ce dessein, ils ont visité les États-Unis, l’Angleterre et plusieurs pays du continent de l’Europe et ils ont également approfondi avec un soin extrême les diverses méthodes dans les différentes écoles. Ils ont vu tout ce qu’il y avait à voir ; ils ont appris tout ce qu’ils pouvaient arriver à connaître. Dès leur retour dans leur pays, ils ont commencé à refondre le système général d’éducation et à réorganiser les écoles, avec l’aide de professeurs venus de toutes les parties du globe. Le système introduit par eux se rapproche de celui de l’Allemagne, mais le genre d’instruction est établi plutôt sur les méthodes en vogue dans les écoles d’Amérique : ce qui s’explique aisément, puisque le plus grand nombre des professeurs nommés pour inaugurer les nouveaux cours venaient des Etats-Unis. Comme je l’ai déjà dit, la première nécessité était d’élever une génération capable de faire face aux exigences créées par la situation nouvelle ; il fallait former des hommes connaissant les langues étrangères, des hommes d’affaires, des spécialistes dans toutes les classes de la société, des négocians, des financiers, des entrepreneurs, des politiques, etc. A des besoins nombreux devaient répondre autant de carrières nouvelles. Tout était à faire. Il fallait recréer l’éducation publique ab ovo et pour tous les rangs de la société.

Sous l’ancien régime, les enfans des samouraïs recevaient leur instruction littéraire et militaire à la cour de leur daïmyo. Tout seigneur féodal établissait dans sa capitale une école où les enfans de ses vassaux et subordonnés apprenaient tout ce qui leur était nécessaire. Il y avait aussi, pour les classes moyennes, des écoles privées dont quelques-unes existent encore dans les différentes parties du pays : ce sont des établissemens fondés par les autorités locales pour subvenir aux besoins de la commune. Le clergé s’occupait des enfans des paysans et se chargeait de leur donner les premières notions scolaires. Dans les couvens de sectes si nombreuses, l’art et la science étaient assidûment cultivés. Le niveau de l’éducation au Japon, vers le milieu du XIXe siècle, répondait exactement à celui de l’Europe au moyen âge. Elle avait les mêmes défauts et les mêmes avantages ; si les