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Roi, c’est que ses conseils l’ont effrayée sur les conséquences que pourrait avoir la publicité donnée à son mariage. Votre Majesté ne sera satisfaite que lorsqu’elle aura entre les mains l’acte original de ce mariage. Madame, je le crains, ne se dessaisira pas de cette pièce. Mais, peut-être existe-t-il un autre moyen, pour Votre Majesté, d’acquérir la certitude qu’elle veut avoir. Si un homme honoré de toute la confiance du Roi, comme M. de Montbel, par exemple, pouvait, sur sa parole d’honneur, garantir l’existence et la parfaite régularité de l’acte de mariage, Votre Majesté serait-elle satisfaite ?

— Oui, certainement, répondit vivement le Roi. Je ne demande qu’à être convaincu. Mais tu y perdras ta peine...

— Je répète à Votre Majesté que je ne sais rien, qu’aucune confidence ne m’a été faite, mais, après avoir vu, à Naples, Son Altesse Royale, logée par son frère dans un des palais royaux, il m’est presque impossible de douter de la réalité du mariage.

— Enfin, j’approuve ton idée, Montbel m’en avait parlé ; puisqu’il consent à faire ce grand voyage, c’est lui qui sera porteur de ma lettre à la Duchesse.

Cette lettre ne sera ni dure ni sévère ; seulement, comme je crains quelque coup de tête de ma belle-fille, je désire que ma lettre lui parvienne le plus tôt possible. Montbel m’a assuré qu’il pourrait partir demain.

— Je partirai moi aussi demain, dit La Ferronnays en baisant la main de Charles X.

— Allez, et réussissez, fit le vieux Roi, redevenu tout à fait paternel ; mettez-moi en mesure de traiter ma fille avec autant d’indulgence et d’amitié que je le désire[1]...

La Ferronnays trouva, en revenant à Prague, M, de Montbel qui l’attendait ; sa voiture était devant la porte. Il partait pour Vienne, où il avait à se munir de certains papiers utiles. Ces messieurs devaient se rejoindre en Toscane, où ils pensaient retrouver la Duchesse de Berry.

  1. A la date du 1er septembre 1833, Charles X écrivait à la Duchesse : « M. de La Ferronnays est arrivé ce matin et m’a remis celle que vous m’avez écrite de Naples du 14 août et, n’ayant rien à changer ni à ajouter à ce que je vous écrivais le 23 août, je m’empresse de faire partir le comte de Montbel, et je vous demande, avec la plus vive insistance, d’écouter avec une sérieuse attention tout ce qu’il vous dira en mon nom. Il y va de votre intérêt et de celui de vos enfans. Je désire vivement pouvoir vous donner bientôt des preuves de ma sincère affection, mais je ne puis, ni ne sais m’écarter en rien de la condition qui m’est indispensable. »