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colons qui n’y pourraient subsister. La Commission les administre donc tout le temps nécessaire pour les améliorer. Elle procède au drainage, cure les fossés, empierre les routes, trace des chemins, étend la surface des terres arables, transforme les marécages en prairies. A la fin de 1906, elle avait drainé plus de 50 000 hectares, desséché près de 4 000 hectares de marécages ou de landes et dépensé à cet usage 10 millions et demi de marks ; elle avait construit 166 kilomètres de chemins qui avaient coûté 1372 000 marks. De 1899 à 1906, elle a épandu plus de 3 millions de quintaux de fumier et engrais, pour une somme dépassant 8 millions de marks.

Avant de morceler ces terres améliorées, la Commission eut, à l’origine, à choisir entre deux systèmes de colonisation, le village ou le domaine. Le domaine offrait sur le village certains avantages économiques, mais il ne répondait pas entièrement au but poursuivi, car le colon isolé au milieu d’une population étrangère devait sentir le besoin de nouer des relations avec le voisinage, et peu à peu devaient s’affaiblir le sentiment de sa mission politique et la conscience de son devoir national. Tout en tenant compte, dans une certaine mesure, des préférences des colons qui, comme ceux de Westphalie, aiment mieux le domaine, elle a opté pour le village où s’atténueront et se fondront à la longue les différences d’habitudes et de caractère des familles venues de toutes les régions de l’Allemagne. Chaque village forme une commune autonome et reçoit, comme dotation, un terrain représentant 5 pour 100 de la valeur et 10, 2 pour 100 de la superficie totale. La mairie, l’école, l’église, le presbytère, l’hospice, le cimetière, le four banal, le lavoir, l’abreuvoir seront construits sur cette réserve, où devra trouver place aussi le bien communal.

La Commission de colonisation étudie les emplacemens et parfois construit elle-même. Golenhofen, où l’on promène volontiers l’étranger, est sorti habitable des bureaux de ses architectes. Point de cheville qui n’ait été prévue et mise en place. C’est un Watteau charmant où l’on est accueilli par d’authentiques fermières en bottes et cotillons simples. Les maisons blanches bariolées de vert et de bleu, dont la propreté rehausse l’élégance, alignées sur deux rangs, comme des soldats astiquas, le long d’une avenue, narguent les chaumines polonaises éparpillées dans les champs du voisinage et accablées sous le poids