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devenue une dispute du sol. Plusieurs banques particulières se sont donné pour tâche exclusive la défense du sol polonais. Les unes soutiennent la propriété foncière en lui fournissant du crédit ; les autres la morcellent afin que le travail personnel supplée au capital.

La Bank Ziemski, fondée en 1886 et alimentée par les grands seigneurs de Posnanie, de Galicie et du « royaume, » porte secours au noble endetté que le Prussien guette, et ne divise les terres qu’en cas de « nécessité nationale. » Elle a créé cinq filiales qui n’ont pas toutes réussi. Depuis 1902, de belles espérances se capitalisent dans la Zwiazeck Ziemian. Cette association de grands propriétaires, à responsabilité limitée, est une sorte de conseil de famille dont les membres sont parens ou amis. Elle se recrute par cooptation, à l’unanimité des voix. Les propriétaires nobles trouvent auprès d’elle des conseils désintéressés et une aide pécuniaire. La Zwiazeck Ziemian se charge aussi de la gestion des domaines, moyennant une rétribution de 500 marks pour 750 hectares, afin de couvrir les frais. En quatre ans, elle a administré 20 000 hectares menacés.

La petite propriété n’eut un appui semblable que lorsque les associations, sous l’inspiration du patron Wawrziniak et sous la conduite du prélat Moyzikiewicz, entraînant le clergé dans la lice, fondèrent, en 1901, des banques de parcellarisation. Il en existe actuellement huit, qui ont déjà morcelé près de 2000 domaines et consolidé dans leurs biens un grand nombre de paysans.

La bourgeoisie de son côté lutte dans deux banques de parcellarisation. La Bank parcelayni, fondée à Posen en 1897 par M. Sikorski, ancien fonctionnaire prussien, opère en grand, se servant d’intermédiaires tels que Biedermann pour allumer la cupidité des propriétaires allemands ou pour exciter le patriotisme de riches Polonais à pratiquer la surenchère. La Spolka rolnikow parcelayna fait plutôt des prêts hypothécaires ou du crédit personnel aux petits propriétaires.

Ces organisations et cette armature financière ont vaincu la Commission de colonisation et donnent un sens précis à ce que l’on appelle « le danger polonais. » Si cette formule, que la presse agite et dont le gouvernement joue, enveloppe le rêve politique d’une reconstitution de la Pologne, nous l’examinerons en son lieu. Aujourd’hui, elle n’est grosse que des déceptions