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imperméable, qu’ils utilisent au cours de leurs grandes manœuvres, dans le double dessein de donner aux opérations le caractère de permanence qu’elles revêtent à la guerre et d’épargner aux troupes les fatigues inhérentes à leur répartition entre des cantonnemens d’autant plus éloignés que les effectifs en présence sont plus considérables. Il convient donc, à l’avenir, d’employer dans nos grandes manœuvres le cantonnement-bivouac prévu par notre règlement et de laisser les troupes à pied d’œuvre, jour et nuit, depuis le début jusqu’à la fin des hostilités.

D’autre part, il n’est pas juste de dire que l’on peut considérer les résultats obtenus à midi comme s’ils eussent, été acquis après toute une journée de luttes. On ne se bat pas forcément jusqu’à la tombée de la nuit, et nombreux sont les cas où l’action commencée le matin s’est arrêtée, dans le courant de l’après-midi, par suite de l’épuisement des deux adversaires.

En Allemagne et en Suisse, les grandes manœuvres embrassent, au moins, trois journées pleines, ou soixante-douze heures consécutives. Cette année, au 3e corps d’armée suisse, les opérations ont commencé le 6 septembre, à six heures du soir, et se sont déroulées, sans trêve ni repos, jusqu’au 10 septembre, à dix heures du matin, soit quatre-vingt-dix heures de suite.

Les grandes manœuvres, telles qu’on les pratique en ces deux pays, exigent l’emploi de cantonnemens-bivouacs, très resserrés et, par suite, la constitution de convois divisionnaires apportant, chaque soir, aux troupes les couvertures (en Suisse), vivres, bois de chauffage et paille de couchage qui leur sont nécessaires. On fera bien en France de s’inspirer de ces erremens lorsque l’on voudra procéder à de nouvelles manœuvres d’armées.

Le général de Lacroix annonçait dans son instruction pour les manœuvres d’armées qu’il n’y aurait pas de critique verbale et que, les critiques seraient faites, plus tard, par écrit. Il faut applaudir à cette décision, car un directeur de manœuvres d’armées ne peut critiquer, en connaissance de cause et sur l’heure, des opérations parmi lesquelles un certain nombre ont échappé à son acuité visuelle. Et, si le général directeur invite, successivement, chaque chef de parti à redire ses ordres et à exposer les faits, l’auditoire est surpris d’entendre des récits plus voisins du roman que de la réalité, parce que les chefs de partis n’ont pu tout voir et ne veulent en convenir.

L’instruction sur le service d’arbitrage, applicable aux grandes