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que l’envie d’y retourner me prenne, et me prenne plus fort qu’elle ne fera jamais sans cela : mais ce sont des momens de courage et…


Mary Clarke à Claude Fauriel


[Florence] mercredi [24 octobre].

… Ce n’est pas tant de rester ici qui me rend si triste, c’est que vous ayez pu renoncer tranquillement à me voir pour un an plutôt que de retourner à Paris, car si vous pouviez aller de Milan à Rome, qui vous empêchait d’aller à Paris ? Milan est à peu près moitié chemin, et puis, vous ne vous donnez pas seulement la peine de me cacher que, quelque chose que cela me fasse, votre résolution là-dessus est inébranlable. Certes vous ne m’aviez jamais dit les choses si crûment. Vous êtes pour ainsi dire maître de ma destinée ; mais pour moi, jamais je n’ai été seulement consultée ni pour la mienne, ni pour la vôtre [ ; de] plus j’ai toujours été tenue dans l’ignorance et le vague sur vos intentions en toutes choses. Si, avant de quitter Paris, vous me les eussiez dites, j’aurais su à quoi m’en tenir ; si, même il y a deux mois ; mais à présent, il est trop tard, nous avons passé le moment. J’ai écrit, il y a plus d’un mois, pour nos fonds, et je ne crois pas qu’il nous servi [rait] à grand’chose de retourner à Paris maintenant, surtout triste comme je suis et serais. Je ne serais guère en train de chercher un autre appartement, etc., etc. Malheureusement, l’impétuosité de mon caractère fait que je perds la tête quand je parle de tout cela, et je me donne tort pour la forme, mais certes je me plains avec trop de raison, et entre nous la partie n’est pas égale. J’ai toujours été ouverte avec vous et pleine d’abandon, et il eût été de votre devoir d’être de même avec moi, même s’il vous en coûtait, ce que je ne puis comprendre. S’il est vrai que vous m’aimiez, ces cachotteries sont incompréhensibles. Si vous avez l’intention de venir ici, venez de suite ou dites-le-moi, je suis si fatiguée d’incertitudes que tout me paraît préférable.

Je voudrais pouvoir me sentir moins blessée, mais je ne le puis. Adieu, je ne méritais pas ces résolutions de votre part, ni que vous me disiez que d’écrire un livre est l’affaire de votre vie, car Dieu sait si j’ai toujours été prompte à préférer vos occupations à mes désirs, mais… Dites bien des tendresses de