Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/943

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la reproduction de chaque tableau est accompagnée d’une notice par M. Ch. Moreau-Vauthier.

Dans les Chefs d’œuvre de la peinture de 1400 à 1800[1], M. Max Rooses, l’éminent conservateur du musée Plantin Moretus à Anvers, fait défiler à nos yeux, dans 410 reproductions et 14 planches en couleurs, comme en un merveilleux cortège, tout ce que la peinture a produit de plus remarquable au cours des cinq derniers siècles. Comme on pouvait s’y attendre, les Primitifs flamands et néerlandais, les maîtres du XVIIIe siècle, l’âge d’or de l’école hollandaise, y occupent la place d’honneur et la plus large place, et c’est là sans doute la partie la plus originale de ce livre, à la fois descriptif et savant, où l’école française est peut-être trop brièvement étudiée et son influence pas assez marquée en comparaison des écoles voisines.

A propos des maîtres de la Hollande, nous pouvons rapprocher l’une de l’autre deux biographies dues à l’amitié, et toutes deux fort élégamment illustrées, sur deux peintres, qui diffèrent autant dans leur manière de peindre que dans leurs études ou les sujets de leurs tableaux, mais qui l’un et l’autre s’inspirèrent plus ou moins des Maîtres d’autrefois : Fantin-Latour[2], « issu des meilleurs, des plus solides et des plus lumineux des Hollandais et des Vénitiens, qui a le respect et l’amour de la vie, dont les portraits, les groupes, respirent une granité douce, dans la calme lumière qui les baigne, » dont on a pu dire aussi qu’il fut par excellence le peintre de l’amitié, — et Rosa Bonheur[3], cette dernière écrite par Mlle Anna Klumpke, sa dévouée compagne et son élève. En publiant les souvenirs qu’il a pu recueillir de Fantin-Latour avec ceux qui lui sont personnels, et dont un chapitre a paru ici même, M. Adolphe Jullien, lettré délicat autant que critique averti et sagace, a profité largement de la correspondance inédite mise à sa disposition. Il a fait revivre l’homme à côté de l’artiste : au milieu de ses œuvres, créations d’un peintre mélomane, dont on trouve ici les principales dans les cinquante-trois reproductions tirées à part et dans les illustrations du texte.

Les annales de l’art n’offrent pas de plus grand nom que celui de Michel-Ange[4], ce maître universel entre tous. Dans la splendeur de la Renaissance, il nous apparaît comme un de ces personnages prestigieux qui ont honoré l’humanité en la dépassant. C’est assez faire l’éloge de ce livre que de dire qu’il permet de concevoir une idée de l’œuvre colossale du maître, et qu’il sera l’un des plus estimés de la nouvelle Collection des classiques de l’Art, inaugurée par le Dürer,

  1. Ernest Flammarion.
  2. Lucien Laveur.
  3. Ernest Flammarion.
  4. Hachette.