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caché son indignation des « manœuvres » employées pour séparer Marie-Louise du prisonnier de l’île d’Elbe. « Si l’on s’opposait à leur réunion, il fallait quelle attachât les draps de son lit à sa fenêtre et s’échappât sous un déguisement. Voilà, — répétait-elle, — ce que je ferais à sa place ; car quand on est mariée, c’est pour la vie. » Nous avons vu qu’il n’avait pas fallu longtemps pour effacer le souvenir de l’absent. Elle n’avait jamais éprouvé des sentimens bien vifs pour le « Minotaure » auquel on l’avait envoyée. Le mariage politique ne lui avait pas donné le bonheur. Sa sensibilité était toute germanique : elle aimait le chant, la musique, la poésie, la nature, mais en cela, comme en toute autre chose, la vraie grandeur lui échappait. L’attachant récit de M. de Méneval complète et précise les données que nous avions sur cette archiduchesse, légère d’esprit, de goûts et de sentimens. Comment aurait-elle compris Napoléon ? En revanche, le séducteur rencontré aux portes d’Aix, dont la carrière était toute semée d’aventures galantes, remplissait à merveille les conditions voulues pour dominer le cœur et le cerveau « romantique » d’une jeune princesse allemande.


RAYMOND DE VOGÜÉ.