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Aussitôt, il se fît un revirement sensible dans l’attitude de l’Angleterre. Deux courans se divisaient, visiblement, les conseils du gouvernement. Tantôt M. Chamberlain et ses amis l’emportaient, tantôt l’autorité plus sereine de lord Salisbury prenait le dessus. L’Angleterre célébrait, alors, le jubilé de la reine Victoria, et si les manifestations superbes qui accompagnaient cet anniversaire lui donnaient le légitime sentiment de sa force, elles soulignaient aussi son « splendide isolement. » Au Transvaal, les choses n’allaient pas aussi facilement qu’on l’avait espéré. Cecil Rhodes était interrogé par la commission parlementaire au sujet de l’expédition Jameson.

Ces fluctuations incessantes, ces continuelles sautes de vent sont impossibles à relever, maintenant, dans leur détail, si émouvantes qu’elles fussent pour ceux qui en observaient alors les phases journalières. En réalité, les dispositions du gouvernement et de l’opinion, en Angleterre, suivaient les hauts et les bas de l’expédition du Nil et traduisaient, en même temps, la complication plus ou moins grande des événemens internationaux. Il faudrait écrire toute l’histoire de ces années encombrées, pour démêler le fil, à chaque instant perdu dans la trame.

Au cours de l’été 1897 et peu après la signature de l’arrangement franco-allemand, les dispositions de l’Angleterre parurent plus conciliantes. Ces sentimens nouveaux se manifestèrent, d’abord, au sujet des affaires tunisiennes. L’objection tirée de la pérennité du traité anglo-tunisien fut abandonnée et tout le reste se trouva soudain facilité. Moyennant quelques concessions en faveur des cotonnades anglaises, l’accord, qui paraissait si difficile quelques mois auparavant, se produisit le plus aisément du monde (septembre 1897). Et ce fut comme le premier grain tombant d’un chapelet qui se dénoue.

On écrit alors : « La conclusion de l’arrangement anglo-tunisien a fait naître un courant d’opinion d’après lequel toutes les difficultés pendantes entre la France et l’Angleterre ne tarderaient pas à être réglées[1]. »

Paroles de bon augure, appuyées bientôt par un fait précis : les négociations pour la délimitation de l’Afrique occidentale et du bassin du Niger, prévues par la convention du 15 janvier 1896 et interrompues depuis près d’un an, sont reprises. La

  1. Bulletin de l’Afrique française, p. 335. — Voyez correspondance du Times à la même époque.