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de la Reine, de ne pouvoir le recevoir plus tôt. Les instructions à Benedetti étaient contenues dans une lettre officielle du 7 juillet et dans une lettre particulière du même jour à minuit. A Berlin et à Madrid on nous affirmait que le roi de Prusse n’avait pas donné son assentiment à la candidature. Nous étions convaincus du contraire, quoique nous n’en eussions pas les preuves. Gramont, obligé provisoirement, à titre d’hypothèse diplomatique, de prendre comme point de départ, l’affirmation de Thile, disait dans sa lettre officielle : « Si le chef de la famille des Hohenzollern a été jusqu’ici indifférent à cette affaire, nous lui demandons de ne plus l’être et nous le prions d’intervenir, sinon par ses ordres, du moins par ses conseils, auprès du prince et de faire disparaître, avec les projets fondés par le maréchal Prim sur cette candidature, les inquiétudes profondes qu’elle a partout suscitées. Nous verrions surtout, dans l’intervention du roi Guillaume pour mettre obstacle à la réalisation de ce projet, les services qu’elle rendrait à la cause de la paix et le gage de l’affermissement de nos bons rapports avec la Prusse. Le gouvernement de l’Empereur apprécierait un bon procédé, qui, l’on n’en saurait douter, recevrait en même temps l’approbation universelle. » Dans la lettre particulière, écrite le même jour, à minuit, Gramont est plus pressant parce qu’il a reçu des renseignemens nouveaux : « Nous savons par les aveux du prince lui-même qu’il a continué toute l’affaire avec le gouvernement prussien et nous ne pouvons pas accepter la réponse évasive avec laquelle M. de Thile cherche à sortir du dilemme qui lui a été posé ; il faut absolument que vous obteniez une réponse catégorique suivie de ses conséquences naturelles. Or, voici la seule qui puisse nous satisfaire et empêcher la guerre : le gouvernement du Roi n’approuve pas l’acceptation du prince de Hohenzollern et lui donne l’ordre de revenir sur cette détermination prise sans sa permission. Il restera ensuite à me faire savoir si le prince, obéissant à cette injonction, renonce publiquement et officiellement à sa candidature. Nous sommes très pressés parce qu’il faut prendre les devans dans le cas d’une réponse non satisfaisante et, dès samedi, commencer les mouvemens de troupes pour entrer en campagne dans quinze jours. — J’insiste surtout sur la nécessité de ne pas laisser gagner du temps par des réponses évasives ; il faut que nous sachions si nous avons la paix ou si une fin de non recevoir nous oblige à faire la