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Penmarch ou quelque île Borromée. Toutes les prédictions en faveur d’un « art démocratique et social » ont abouti à ceci : que des légions de peintres se sont dévoués à retracer les fastes surannés du Palais de Versailles et qu’après M. Lobre et M. Walter Gay, voici, cette année, M. Henry Tenré et M. Avy qui s’y appliquent encore et M. Guirand de Scevola qui y puise la matière d’un petit chef-d’œuvre : La Cour d’honneur, effet de neige (salle XI, n° 570). Mais ce qui ajoute au piquant de l’aventure et à la déconvenue des prophètes, c’est qu’après un si long temps passé à vaticiner le triomphe de la lumière et de l’incandescente couleur, si l’on cherche, aujourd’hui, dans les Salons et ailleurs, quelle est la tendance la plus originale et la plus neuve des jeunes artistes, on trouve que c’est l’étude des effets du crépuscule, du demi-jour et de la nuit.

Ouvrez le catalogue du Salon de l’avenue d’Antin de 1909. Que lisez-vous ? Lever de lune, La lune rousse, Brume lunaire, Clair de lune, Lune de mai, Coucher de lune sur la neige, Symphonie lunaire, toutes les litanies de la lune. Il n’y a pas moins d’une trentaine d’effets de nuit, dans ces salles, et ceux qui sont signés Meslé, Le Sidaner, Henri Duhem ou Harrison, parmi les peintures, et J.-J. Rousseau, ou Chabanian, parmi les gravures en couleurs, sont très dignes d’attention. Au Salon des Champs-Elysées, il n’est guère de salle où ne paraisse la tache noire d’un ou de plusieurs effets de nuit. Ceux de MM. Quittner (salle 3), Gourdault (salle 6), Herremans (rotonde 10), Aston Knight (rotonde l5), Cachoud (salle 18), Adrien Demont (salle 23), Midy, Morlotet Loir Luigi (rotonde 24), Albert Laurens (salle 26), Maroniez (salle 32), et Julius Olsson (salle 31) aussi bien que ceux de Mme Vicary (salle 12) et Valentine Gross (salle 30) sont de sérieuses études. Et si l’on se rappelle les admirables sérénades nocturnes apportées de Venise, en 1907, par M. Le Sidaner et par M. Abel Truchet, les Lunes d’été de M. Henri Duhem exposées à la galerie Georges Petit en avril 1908, et la série des Nuits montrées par M. Cachoud à la même galerie en mai 1908 ; puis, au dernier Salon d’automne, les effets de nuit de M. Perrinet ; enfin, au cercle de l’Union Artistique, le subtil Crépuscule aux Batignolles de M. René Billotte, qui s’appliqua, maintes fois, aux mêmes recherches et expose, avenue d’Antin (salle XII), un Lever de lune le jour ; si l’on prend garde que cette curiosité n’est pas propre à la France, mais qu’à la New Gallery de