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UNE BELLE FIGURE FRANÇAISE

EDMOND ROUSSE[1]

Nous connaissions la vie extérieure d’Edmond Rousse ; nous savions dans quelle haute estime le tenait le barreau tout entier, avec quel courage en 1871 il avait disputé à la Commune triomphante la vie de son confrère Chaudey. Mais avant la publication de sa correspondance, personne, excepté l’ami auquel il écrit, n’avait pénétré au fond de cette âme fière et un peu fermée. Profitons maintenant des confidences qui nous sont faites pour aller aussi loin que possible dans l’étude d’un des caractères les plus nobles de ce temps. Nous n’y découvrirons rien qui puisse diminuer notre sympathie. L’origine des lettres ainsi publiées est ce qu’il y a au monde de plus simple. Il ne s’y mêle aucun calcul, aucune prétention. Deux jeunes hommes se rencontrent à l’École de droit, puis au barreau. Dans les intervalles de leurs plaidoiries, ils causent et ils reconnaissent entre eux certaines affinités, le goût commun de la littérature et de la poésie, peut-être « ce petit signe au cœur » dont parle Anacréon.

Au début de leurs relations, ils n’étaient que deux camarades et deux confrères. Les voilà devenus amis, ils prennent l’habitude de se parler à cœur ouvert et de n’avoir rien de caché l’un pour l’autre. Malheureusement l’un d’eux, Henri Vesseron, est obligé de quitter Paris pour Sedan où réside sa famille. Edmond Rousse, resté au barreau parisien, passe tout à coup par une série d’épreuves douloureuses ; il a besoin de conter sa souffrance à

  1. Lettres à un ami, 2 vol. in-8 ; Paris, Hachette, 1909.