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LE
BILAN DE LA MARINE

Notre marine est en faillite. On en demande le bilan ; on cherche les responsabilités. Si ce n’est pas uniquement pour punir et par colère du passé, mais encore et plutôt afin de tarir la source d’erreurs dont il importe de libérer l’avenir, si l’on veut trouver les vraies responsabilités et dresser un bilan complet, il ne faut pas seulement faire compte des évaluations matérielles, mais aussi des influences que subit la marine et des principes dont elle s’inspire.

C’est cette sorte de bilan surtout moral et organique que nous voudrions tenter d’indiquer. Comment la marine a-t-elle rempli son rôle dans son double rapport avec la vie nationale et avec les nécessités militaires ? Qu’a-t-elle reçu du pays, et qu’a-t-elle produit en échange, sous forme de puissance effective ? Telles sont les questions essentielles. La comparaison de l’actif au passif caractérisera sa gestion, l’équilibre de ses rouages et le rendement de notre organisation navale. Et mis à l’abri d’exagérations qui rendent malhabile à réformer, par cela seul qu’elles rendent injuste, nous éviterons le vain et dangereux essai de remèdes appliqués là où n’est pas le mal.

Nous esquisserons donc un compte sommaire en trois parties : les recettes, c’est-à-dire les apports fournis par le pays (pays légal représenté par les pouvoirs publics, pays réel agissant par