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les livres dont il y est question : les nouveautés, les pièces de théâtre, les volumes de vers, le dernier roman dont les feuilles sont encore « humides des baisers de la presse ; » c’est le service de la « Parnasserie. » Il s’y mêle des colis d’huile d’olive, de « pommes d’orange, » de savons de Marseille et de balais ; les envois partent l’un en même temps que l’autre : service domestique.

Un pas encore et nous voici en présence d’informateurs qui fournissent, non plus un seul, mais plusieurs cliens, desquels ils tirent également une honnête rétribution. Leur travail s’en accroît : ils doivent s’adjoindre des collaborateurs, ce qui les amène à former comme un bureau, un bureau de nouvellistes, où nous entrerons sans plus tarder, pour y trouver les personnages mêmes qui font l’objet de cette étude, les devanciers de Figaro, les nouvellistes à la main.


III. — LES NOUVELLES A LA MAIN

A l’exception de l’officieuse et insignifiante Gazette, les feuilles imprimées sont interdites. Les rédacteurs en sont menacés du sort de Figaro :

« Je vois du fond d’un fiacre baisser sur moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. »

Les gazettes manuscrites ou feuilles de nouvelles sont également prohibées ; mais, comme le fait observer l’auteur de la Bastille dévoilée, « les ustensiles d’un écrivain de gazettes se bornent à une plume, une écritoire et une feuille de papier ; le pamphlet une fois copié, remis à des mains sûres, rien ne pouvait trahir le secret. Une imprimerie au contraire exige un attirail considérable, qui souvent a servi à dévoiler les mystères que l’on cherchait à ensevelir, »

C’est Figaro :

« Je taille encore ma plume et demande à chacun de quoi il est question. »

Ces feuilles de nouvelles sont de vraies lettres, rédigées par un « nouvelliste à la main, » pour plusieurs correspondans, des abonnés. On les appelle « nouvelles à la main, » ou « gazettes secrètes, » ou « feuilles de nouvelles, » ou « gazetins, » ou « petits manuscrits. » Fond et forme en sont semblables aux « lettres de nouvelles » dont il vient d’être question. L’unique