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temps d’orage. Contiguë à l’école, la mairie s’élève au-dessous du vieux village, non loin de l’humble et unique café de la localité, et à quelques minutes de marche de l’église et du presbytère naguère abandonnés, mais restaurés récemment par les soins du curé. L’édifice religieux avec ses murailles de solidité suspecte, ses volets disjoints, ses herbes folles s’élançant de la pierre, donne une impression de tristesse et de pauvreté que corrigent un peu l’agrément de la vue sur la vallée et la fraîcheur de la végétation, due à l’abondance de l’eau qui sourd des rochers d’amont. Les fermes qu’on distingue, éparses, sont propres, solides et n’accusent nullement la misère.

Presque vis-à-vis et sur la rive droite du côté de l’hubac débouche une vallée latérale dans laquelle se blottit la seconde commune : celle de la T... de B... (l’appellation officielle est différente), jadis dépendante de la première déjà entrevue. Le vallon simule la forme d’un V dont l’extrémité d’une des branches tombe perpendiculairement sur ce torrent. Un pont sur ce torrent et un beau chemin neuf conduisent dans une sorte de cirque sans issue apparente, au fond duquel les principaux hameaux de la commune s’éparpillent ; l’un d’eux, le moins petit, sinon le plus central, possède la mairie et l’école, tandis que l’église et le presbytère se dressent isolés dans une situation pittoresque à quelques centaines de mètres de là, au confluent de deux lits de torrens, dont l’un souvent desséché il est vrai. Çà et là quelques ruines couronnent de petits mamelons. L’amandier envahit le pays, et ces arbres, tous droits, ne présentent en rien l’aspect tordu de leurs similaires de la Basse-Provence.

Après un des hameaux, il semble qu’on soit au bout du monde ; ce n’est point tout à fait une erreur, car si la vallée, se repliant, forme la seconde branche du V, ce quartier est à peu près désert ; nous en verrons bientôt la raison. Somme toute, l’ensemble, à part quelques imperfections : plaies de ravinement, torrens avec peu d’eau et trop de pierres, terres à blé abandonnées et non reboisées, squelettes d’amandiers défunts, masures transformées en nids à hiboux, l’ensemble est plutôt agréable et l’œil trouve à se reposer sur des bois, sur des rochers pittoresques, sur des eaux vives d’aspect engageant.

Revenant enfin sur la vallée principale et remontant le torrent