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yeux d’un touriste amateur de jeux de lumière, présenter un coup d’œil assez joli.

Dans la banlieue de Digne, il existe des coins agréables et dans la haute vallée du Verdon, plus d’une station estivale d’aspect bien caractéristique, animée par les touristes fuyant les chaleurs de la côte, attire dans la belle saison Marseillais et Niçois qui viennent s’abriter sous les ombrages, admirer les cascades aux eaux claires et respirer l’air pur au milieu des prairies. La vallée de l’Ubaye, qui constitue presque à elle seule l’arrondissement de Barcelonnette , pariât physiquement une annexe du Dauphiné : lorsque les montagnes s’écartent suffisamment pour livrer passage aux rayons solaires et que les bois de mélèzes s’étagent sur les pentes, comme à Jausiers, au-dessus du chef-lieu administratif , la vue est charmante au point de faire revenir pendant l’été, à côté des anciens émigrés d’Amérique rentrés au pays, ceux qui, après fortune faite, se sont fixés sur divers points de la France et n’ont point oublié leur petite patrie. Il serait trop fastidieux enfin d’énumérer les cols et cimes à gravir, les paysages à contempler, les excursions à recommander.

Passons donc aux cultures. Nous avons déjà dit combien celle du blé avait eu, en poussant à des défrichemens funestes, une mauvaise influence sur le pays. Lors de l’enquête de 1866, les propriétaires de Sisteron établissent, chiffres en main, que cette céréale nourrit le cultivateur sans lui faire gagner d’argent ; pour simplement semer, moissonner et fouler la récolte d’un hectare de bonnes terres, il faut à Sisteron, et il y a quarante ans, avancer près de 250 francs, impôts compris, mais abstraction faite de la fumure : le tout pour obtenir un peu plus de 14 hectolitres. Mais l’habitude séculaire persiste, et persiste encore actuellement, malgré l’augmentation des dépenses, l’accroissement des impôts, l’avilissement des prix.

Sous l’ancien régime, les vignes ne manquaient pas dans la basse vallée de la Durance. Deux localités se distinguaient même par l’excellence de leurs crus : les Mées, bourg de l’arrondissement actuel de Digne au confluent de la Durance et de la Bléone, et Riez, ville épiscopale située dans la même circonscription, au Midi du département.

Ces vins supportaient assez bien le transport vers les hautes vallées des Alpes et se bonifiaient quand on les amenait à Barcelonnette ou en Piémont. Ailleurs, du côté de Manosque par