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En 1905 et 1906, il fallait remplacer les pertes de la guerre ; en 1907, il est pourvu aux augmentations.

Le commandement supérieur est dirigé par le grand état-major général, en ce moment sous les ordres du général Oku avec le général baron Fukushima comme sous-chef. Cet état-major jouit dans l’armée du plus grand prestige. Ses officiers sont considérés comme les missi dominici du commandement suprême. Si l’un d’eux est envoyé à un état-major de division ou de brigade, — les brigades ont des états-majors constitués en tout temps, — il prend la direction de l’opération en vue de laquelle il a été provisoirement détaché.

L’unité de doctrine et de direction est assurée par la réunion annuelle pendant huit jours, au ministère de la Guerre, de tous les chefs de corps de toutes les armes et de tous les chefs de service. Il leur est fait une série de conférences. En outre, tous les généraux commandant les divisions sont réunis à Tokyo plusieurs fois par an, et en particulier toutes les fois qu’il est jugé nécessaire de leur donner des instructions en vue de certaines éventualités. C’est ainsi qu’une de ces réunions ayant eu lieu à la fin de février, il s’en est tenu une autre le 7 avril. Le 8, les généraux ont été reçus par l’Empereur, et les conférences ont suivi. Des officiers généraux et supérieurs de la marine y assistent ; les Japonais tiennent, avec raison, à une liaison étroite de tous les organismes combattans et dans les grandes manœuvres divisionnaires annuelles, comme aux grandes manœuvres impériales, on voit des officiers de vaisseau et des amiraux dans les états-majors. Presque toutes les divisions ont des champs de manœuvre étendus, analogues à nos camps de Châlons ou de Mailly, et pourvus de baraquemens. Ils servent également aux tirs de l’artillerie. Les grandes manœuvres impériales, où deux divisions sont opposées l’une à l’autre, se terminent par une cérémonie dont la portée morale est évidente. L’Empereur, qui dans les circonstances ordinaires est presque invisible, vit alors au milieu de ses troupes. Le dernier jour, il donne un déjeuner auquel sont invités sans exception tous les officiers des deux divisions. Une grande tente est dressée sous laquelle se trouve une table semi-elliptique d’où parlent d’autres tables formant rayons. L’Empereur seul est assis au centre. Le déjeuner est pris debout et ne dure que quelques instans. Les personnages les plus importans sont admis à prendre une tasse de saki devant l’Empereur.