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Ils viennent le saluer à tour de rôle en se plaçant devant lui et dans un cérémonial réglé. Aux dernières grandes manœuvres impériales, les officiers étrangers ont été pour la première fois admis à cet honneur. C’est là une sorte de communion ayant pour but de rendre tangible l’idée que tout officier appartient à l’Empereur, de même que jadis le samuraï appartenait à son daïmyo.

Parallèlement au développement de l’armée, s’est accompli celui de la marine. Actuellement, le Japon dispose de 12 cuirassés d’escadre de 12 400 tonnes comme le Fuji, ou de 16 400 tonnes comme le Kashima, en service depuis 1903 ; puis de 12 croiseurs cuirassés dont deux, le Tsukuba et l’Ikoma, de 13 800 tonnes, en service depuis 1906. En outre, 53 torpilleurs, pouvant faire 29 nœuds et très armés, sont à la mer. On doit ajouter 5 cuirassés d’escadre en réfection ou en achèvement, dont le Kawashi et le Settsu, de 20 800 tonnes et 2 croiseurs cuirassés de 14600 tonnes : ces vaisseaux seront en service en 1911 ou 1912, ainsi que deux grands contre-torpilleurs. Lorsqu’en Europe on connaissait à peine le type anglais Dreadnought, le Japon avait déjà lancé deux cuirassés plus puissans, le Satzuma et l’Aki, de 19 400 tonnes, entièrement dessinés et construits dans ses chantiers. Le Dreadnought n’a que 18 000 tonnes et pas d’artillerie moyenne. En outre, des projets sont établis pour 2 cuirassés d’escadre, 5 croiseurs cuirassés et un contre-torpilleur de 1 000 tonnes pouvant donner 34 ou 35 nœuds. En résumé, quand les 16 cuirassés américains sont venus à Kobé, les Japonais disposaient de 12 cuirassés d’escadre et de 12 croiseurs cuirassés, soit 24 navires de combat, soutenus par 53 torpilleurs. En 1912, ils auront 15 cuirassés d’escadre et 15 croiseurs cuirassés.

Dans un communiqué envoyé à la presse le 25 février 1909, le contre-amiral Sperry, commandant la flotte américaine qui venait de terminer son périple, a déclaré que la flotte japonaise n’avait aucune force offensive et était incapable d’une action sérieuse dans le Pacifique en dehors de ses côtes. D’après lui, elle ne dispose que de cinq ou six vieux navires de combat et n’en construit pas de nouveaux. Le Japon, dit-il, est en train de rapiécer ses vieux bateaux. Los Américains aiment à s’entendre dire ce qu’ils désirent. L’énumération qui précède montre qu’il en est tout autrement. Néanmoins, dans l’appréciation de l’amiral Sperry