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lourde ; inefficacité du fusil actuel aux grandes distances en raison de son trop faible calibre ; insuffisance numérique des troupes techniques et de la cavalerie ; rendement trop faible des arsenaux, des poudreries et des ateliers de fabrication. Un plan général d’amélioration est actuellement mis en œuvre. Les économies sur le budget de la Guerre, bruyamment annoncées par les journaux, se réduisent à quelque diminution sur l’équipement, ou encore à des crédits reportés sur les exercices futurs. Dès maintenant, certains progrès peuvent être constatés. C’est ainsi que tous les régimens d’infanterie sont pourvus de six mitrailleuses transportées par des animaux de bât. Les procédés de combat ont été profondément modifiés au cours même de la campagne. Ils sont dès maintenant fixés. Un nouveau règlement d’infanterie va paraître. Les Japonais ont commencé les opérations en appliquant les principes généraux de l’armée allemande. Les pertes énormes qui en ont été la conséquence les ont amenés à une conception plus exacte des nécessités du combat. L’individualité et la souplesse du soldat japonais, son initiative, en font d’ailleurs un excellent élément de la tactique moderne.

Les Japonais reconnaissent avoir perdu dans la dernière guerre 78 000 tués. Ce nombre correspond à une perte effective, — blessés graves et malades hors d’état de reprendre jamais du service, — d’environ 240 000 hommes, soit presque le tiers de l’effectif total mis en campagne. C’est un chiffre qui n’a jamais été atteint par aucune armée européenne et qui montre la merveilleuse énergie des troupes. Il semble que, depuis la guerre, cette énergie tende encore à s’accroître. Le prestige de la victoire, la conviction d’une supériorité marquée sur les troupes européennes, y contribuent certainement. Mais il faut reconnaître que la guerre de Chine de 1900 a porté la plus sérieuse atteinte au prestige des troupes de l’Occident, lorsque les puissances virent leurs diplomates cernés dans les légations de Péking et sur le point d’être massacrés, elles envoyèrent des forces à leur secours. Les premiers arrivés furent les Japonais. Le résultat final de leur intervention fut tout à fait imprévu : le contact étroit avec les troupes étrangères diminua dans une large mesure le respect des Japonais pour les soldats européens. Les minutieuses précautions de ceux-ci pour éviter les pertes, même au prix d’une grande dépense de temps, la diminution de leur vitesse de marche sous le feu, les étonna d’abord, puis leur donna la certitude que, sous