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FIGARO ET SES DEVANCIERS

II[1]
NOUVELLISTES CONTREBANDIERS ET PAMPHLÉTAIRES


VIII. — LES CONTREBANDIERS

Jean Cabaud de Rambaud, « ancien conseiller du Roi, subdélégué en titre à l’intendance de La Rochelle, département de Saint-Jean-d’Angely, » — nous dirions aujourd’hui ancien sous-préfet, — vivait à Paris, depuis 1724, du commerce des nouvelles à la main. A l’époque où nous sommes parvenus, en 1744-1745, il n’était plus jeune, il souffrait d’infirmités graves et, plus encore, de ses créanciers qui lui faisaient passer une partie de son existence en prison ; d’autres fois, il y était mis par ordre du roi ou par mesure de police ; mais, qu’il fût sous les verrous ou qu’il fût en liberté, il ne cessa jamais de fournir régulièrement à ses nombreux abonnés de Paris et des provinces, — avec une régularité, une obstination, une énergie, une ingéniosité qui forcent l’admiration, — ses feuilles de nouvelles manuscrites, dont les hautes murailles des geôles royales, de la Conciergerie et du Grand-Châtelet, étaient impuissantes à arrêter l’essor. Quand il n’était pas dans un cachot, il demeurait faubourg Saint-Jacques. Son « bureau d’adresse, » où se faisaient les abonnemens. où se récoltaient les annonces et où les nouvelles étaient centralisées, se

  1. Voyez la Revue du 1er juillet.