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REVUE MUSICALE


La saison russe du Chatelet. — Théâtre de l’Opéra-Comique : Reprise de la Flûte Enchantée. — Théâtre de l’Opéra : Reprise d’Henry VIII. — Un chef d’orchestre italien.


Parmi les œuvres exécutées au cours de ce printemps franco-russe (le troisième déjà), nous avons vu seulement trois ballets : Cléopâtre, les Sylphides, le Festin, et l’opéra du très regretté Rimsky-Korsakoff, Ivan le Terrible (ou la Pskovitaine). Mais ce fut assez pour nous donner beaucoup de plaisir et peut-être quelques leçons.

Loin d’égaler, est-il besoin de le dire ? le grand coup frappé l’an dernier par Boris Godounow, Ivan le Terrible en apparaît plutôt comme la suite et le retentissement. Sans nous ébranler autant, il a de quoi nous émouvoir encore. Les deux ouvrages, qui ne se valent point, sont analogues et, par certains côtés, contigus. Un de nos confrères, le mieux informé peut-être des choses musicales de là-bas, M. Calvocoressi, nous apprenait dernièrement que l’une et l’autre partitions furent écrites non seulement en même temps, mais dans la même chambre, par les deux musiciens amis. Il semble bien qu’un seul esprit aussi les animait. « Moussorgsky témoigna du plus vif enthousiasme pour la Pskovilaine, où, dit-il, son cher Korsinska (diminutif familier du nom de Korsakoff) prouve qu’il a reconnu l’essence dramatique du drame musical. » Quant à Rimsky-Korsakoff, on sait quels soins pieux il devait prendre un jour du chef-d’œuvre, incompris du public, mais par lui-même défendu, de Moussorgsky.

La date même de leur apparition rapproche encore les deux drames. La Pskovitaine fut représentée pour la première fois le 1er janvier 1873, et le tour de Boris vint treize mois après. Il n’est pas jusqu’aux deux sujets qui ne se suivent et ne se ressemblent. Ivan le Terrible fut en