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Peu après la lecture du message impérial, le Conseil législatif de l’Inde vota une loi d’exception (déc. 1908) qui a pour but : 1° la simplification de la procédure pour les crimes anarchistes ; 2° l’application de la prison et de l’amende aux membres des associations anarchistes ; les administrateurs et directeurs seront frappés de trois ans de prison, et, en outre, passibles d’amende. Le tribunal (trois juges sans jury) fonctionnera d’abord au Bengale, avec faculté, pour le vice-roi, de l’étendre à d’autres provinces.

Le chapitre des réformes politiques n’est qu’entr’ouvert. Malgré l’affirmation de M. Keir Hardie : « les Bengalais peuvent se gouverner eux-mêmes comme les Canadiens, » lord Morley n’est pas disposé à donner aux Babous des satisfactions immédiates et complètes. C’est en vain qu’un député radical, M. Rutherford, a réclamé pour ce pays des assemblées provinciales et une Douma. Lord Morley, peu enthousiaste, tança l’auteur de cette proposition : « Impossible, dit-il, d’appliquer à l’Inde les méthodes européennes. La bureaucratie de ce pays est un mécanisme merveilleux fait pour opérer la tâche la plus splendide qui ait été confiée à une nation. » Cette phrase pompeuse ne résolvait rien. Fort heureusement, depuis cette époque, le secrétaire d’État a laissé le dithyrambe pour étudier sérieusement les réformes. Il a reconnu que la situation actuelle constitue un chapitre important des relations anglo-indiennes : « Le gouvernement a devant lui une tâche formidable ; il importe de l’envisager avec un grand sang-froid. » Comme sanction, il recommandait aux Communes plusieurs réformes : organisation d’un comité consultatif des notables ; élargissement des pouvoirs du Conseil et des pouvoirs législatifs provinciaux ; nomination par le secrétaire d’État de deux indigènes, membres du Conseil de l’Inde ; représentation plus effective de l’élément indou dans les conseils des provinces actuellement envahis par les intellectuels, qui ne sont que les délégués d’une infime minorité. C’est le Conseil de l’Inde qui a reçu la première amélioration. Créé après l’insurrection de 1857, ce conseil, qui siège à Whitehall, comptait 12 membres choisis parmi les hauts fonctionnaires du pays. En 1907, les Chambres anglaises ont porté ce nombre à 14, par l’adjonction de deux membres indigènes, un musulman et un Indou. Puis, en 1909, lord Morley, continuant à passer des promesses aux actes, a fait voter par le parlement un projet de réforme administrative, aux