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Jean Mocque, colporteur de profession, distribuait leurs feuilles dans Paris, et Nicolas Dupin, « domestique sans condition, » en faisait l’expédition pour la province. Tel encore Claude Chabot, étudiant en théologie et valet de chambre de M. de Laage, à la Bastille le 5 octobre 1669, condamné aux galères le 30 décembre pour gazettes contre le Roi ; ou bien Jacques Coquaire, valet de chambre et maître de latin, embastillé à deux reprises, en 1712 et en 1715, pour nouvelles à la main.

Par ordre du 8 mars 1757, est enfermé Jean Champclos, cuisinier de l’abbé de Guillerin, comme entrepreneur de nouvelles et chef d’une imprimerie clandestine. De la Bastille, il fut transféré à la Conciergerie le 12 juin 1757. Il satirisait l’archevêque de Paris et le comte d’Argenson, ministre de la Guerre. Celui-ci ne tarde pas à tomber en disgrâce. Il est exilé en sa terre des Ormes, où il s’entoure de nouvellistes et devient le modèle qui pose devant Beaumarchais pour la figure du comte Almaviva. Au reste, c’est à l’époque même où Beaumarchais entre en scène que le type du nouvelliste atteint tout son éclat.

Les débuts dans le journalisme d’Antoine-Joseph Gillet, valet de chambre dans la maison d’Argental, remontent à 1764. En 1770, il a groupé comme collaborateurs : Domanges, fils du cocher de Mme Doublet, Thomas, ancien valet de chambre de Bachaumont, Cabirol, valet de chambre du marquis de Montesquiou, Alphonse Landrieux, ci-devant laquais. Un joli bureau de rédaction. Gillet a soixante-trois souscripteurs. Il n’est aujourd’hui journal du high-life qui ne les lui enviât : le comte d’Argenson aux Ormes, le duc d’Harcourt à Caen, le vicomte de La Rochefoucauld, le comte de Biré, le marquis de Gouffier, les comtes de Narbonne, de Diesbach, de Toustain, de Sesmaisons, le prince de Chimay à Bruxelles et le prince Emmanuel de Salm à Madrid, plusieurs évêques, le premier président Mole, plusieurs intendans, — le reste à l’avenant.

Cet Antoine-Joseph Gillet, valet de chambre de la comtesse et secrétaire du comte d’Argental, était d’ailleurs seigneur d’importance et son camarade Figaro n’eût pas dédaigné de se dire son cousin.

Il avait qualité de « bourgeois de Paris. » Sa fille, Marie-Sophie, le seconda, le remplaça bientôt comme secrétaire du représentant du duc de Parme à Paris. En 1767, Sophie Gille épousa René-Charles de Vimeux, qui accepta, pour lui et pour