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Les écoles françaises laïques ne payant pas de mine et d’ailleurs ne jouissant que par exception de la faveur publique, ce sont les Franciscains italiens, les Américains surtout, qui recueilleront notre clientèle, une fois que nos congréganistes auront fermé leurs portes. C’est pure folie ! A quoi bon remplacer, pour un bénéfice problématique, des écoles qui fonctionnent depuis longtemps, qui enseignent très bien notre langue, qui propagent notre influence, et qui ne nous coûtent, pour ainsi dire, rien ? Quelques centaines de francs y suffisent. Que veut-on que devienne un laïque avec de si faibles subsides, surtout dans un pays où la vie européenne est hors de prix ? La plus forte allocation est celle qui est attribuée à la Faculté de médecine catholique de Beyrouth ; elle s’élève à 100 ou 200 000 francs. Mais, comme me le disait un des professeurs, presque tout cet argent revient en France sous forme d’achats : livres d’études, instrumens de chirurgie, médicamens de marque française. Outre ces avantages matériels, n’avons-nous pas intérêt à soutenir, devant l’étranger, nos congréganistes, bien loin de leur déclarer une guerre absurde ? En réalité, il est d’une politique détestable de jeter ainsi la suspicion sur toute une classe de nos compatriotes, de les désigner à la méfiance et à la haine des Orientaux, qui, souvent, n’y comprennent rien. Ceux des nôtres qui vivent en pays d’Islam auraient honte de s’associer à de pareils procédés : ils sentent trop bien que ce serait faire œuvre de mauvais Français.

En dépit de toutes ces raisons, il y a pourtant des sectaires que rien ne touche. Pour eux, c’est une question de principes qui est en jeu. En vain, leur répète-t-on : « Il y a un fait : le français est parlé dans tout l’Orient, c’est à nos congréganistes que nous en sommes redevables ! On y aime la France, et, si les congrégations n’ont pas tout fait pour cela, il est certain qu’elles ont contribué et contribuent à répandre cet amour de notre pays. Que voulez-vous de plus ? » Les sectaires ergotent, posent des distinguo. A les en croire, il y a français et français, science et science, patriotisme et patriotisme. Celui qui porte soutane ne vaut rien du tout. Au fond, c’est l’éternel débat entre la foi et la libre pensée ! Ne nous perdons pas dans ces nuages, et, puisque les adversaires de l’enseignement congréganiste oriental essaient de préciser leurs griefs, suivons-les pas à pas.

Que lui reprochent-ils donc, à cet enseignement ? Nous le