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qui, s’ils ne suffisent pas à guérir, contribuent du moins à rendre la vie tolérable.

C’est à l’un de ces essais que nous venons d’assister. La prudence avec laquelle il y a été procédé est le meilleur éloge qu’on en puisse faire. Et bien que le temps manque encore pour le juger à ses résultats, il apparaît déjà comme un précédent. L’arrangement franco-allemand du 9 février 1909 s’est borné à considérer les manifestations locales d’une affection chronique. Il n’a exigé ni de l’une, ni de l’autre des parties contractantes le sacrifice de ses sentimens, de ses regrets ou de ses espoirs. Il a eu pour objet unique d’assainir une lésion relativement récente et surabondamment connue. Et l’on peut dès maintenant penser qu’il y a réussi. Rien de ce qu’il contient n’est inattendu. Et tout ce qu’il énonce eût pu être énoncé trois ans plus tôt. Le mérite de ses auteurs est précisément d’avoir choisi le moment où il était possible de dire ce qu’on se croyait obligé de taire depuis trois ans. Égalité économique d’une part, intérêt politique spécial de l’autre, les deux termes de l’arrangement figuraient, dès 1905, dans les accords franco-allemands signés par M. Rouvier. Mais en y ajoutant, comme un moyen terme, la collaboration commerciale, industrielle et financière, on a prêté aux mots anciens un sens nouveau et transformé en une entente amicale le sec procès-verbal du duel de la veille.

Depuis que cet accord est conclu, le Maroc, pour agité qu’il fût, n’a donné lieu à aucun conflit entre la France et l’Allemagne. Donc, localement, l’accord a rempli l’objet qui lui était assigné. A-t-il eu des conséquences plus générales, et peut-on espérer qu’il en ait ? Oui sans doute, si c’est un progrès, lorsque deux peuples ou deux individus sont accoutumés à débattre un litige, de faire disparaître l’occasion de la querelle. On améliore ainsi l’ensemble de leurs rapports. Et c’est ce qui est arrivé pour la France et l’Allemagne. On n’a pas entendu depuis six mois ces retentissantes polémiques où s’affrontait la presse des deux pays. On a étudié dans le silence et dans la paix les affaires qui eussent, en d’autres temps, provoqué d’âpres controverses. Il y a détente morale entre Paris et Berlin, détente non seulement au Maroc, mais ailleurs. On se plaît à constater cette détente. Et en la constatant, on l’accentue. Si une difficulté naissait, l’habitude déjà prise de vivre en bons termes préviendrait sans doute les complications et faciliterait les solutions. La déclaration de