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étaient inaccessibles, et les glaces, réunies en masses énormes, fracassaient et entraînaient tout ce que le débordement semblait avoir respecté. La promptitude de la crue et la hauteur extraordinaire de l’eau n’avaient point permis de fermer, suivant l’usage, la grande estacade entre l’île Louviers et celle de la Fraternité (île Saint-Louis). En vain avait-on rassemblé, dans le bras qu’elle défend, tous les bateaux qu’il pouvait contenir ; les glaces y pénétraient et devaient tout anéantir, si rien ne s’opposait à ce qu’elles s’y précipitassent au moment prochain d’une débâcle que tout annonçait devoir être terrible. » Tout se passa bien. Les deux estacades purent être fermées.

Les malheurs du centre de Paris ressemblent alors à, ceux qui viennent de frapper des quartiers éloignés de la Seine et que l’on attribue trop exclusivement, dans le public, aux récens travaux souterrains.

« Après avoir indiqué les limites de l’inondation et tous les points intéressans sur lesquels les eaux de la rivière se sont immédiatement portées, on va désigner ceux de l’intérieur de Paris, où elles sont parvenues par différentes bouches d’égouts. La tête de celui de la grande rue du Faubourg Saint-Honoré, au coin de celle Neuve-du-Colisée, fut couverte de 22 centimètres et les eaux s’étendirent, en remontant vers l’église de Saint-Philippe, à 81 mètres de distance sur la chaussée, et à 272 mètres du côté de la rue de Marigny… Les eaux pénétrèrent aussi dans la rue d’Anjou, mais à peu de distance de l’égout ; elles s’étendirent dans toute la rue de Pologne (partie de la rue de l’Arcade) depuis la rue Neuve-des-Mathurins jusqu’à celle Saint-Lazare ; elles avaient 30 centimètres de hauteur à l’angle de la rue de Pologne… La majeure partie des terrains, compris entre les rues de la Pépinière, Saint-Lazare, le ci-devant couvent des Capucins (dans la rue Caumartin) et les rues de l’Egout, Roquépine et Verte furent noyées ; mais celles de Miromesnil et d’Astorg restèrent au-dessus de l’eau. »

Le XIXe siècle ne le cède pas aux précédens en fait de désastres fluviaux. 1806, 1807, 1817, 1819-1820, mai et décembre 1836, 1845, 1847 et 1848, 1850, 1866, 1872, 1876, 1882-1883, 1893 eurent des crues plus ou moins désastreuses. L’inondation de 1882-1883 présente certaines analogies avec celle de 1801-1802, qui avait été précédée de dix-huit mois de sècheresse ; la Seine à Paris se maintint longtemps au niveau des