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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/129

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L’expérience prouve que, sur quatre ou cinq personnes, une est dans ce cas. Les officiers qui présentent ces inaptitudes naturelles sont impropres aux observations aériennes. Quant aux autres, il faut leur donner l’habitude de l’atmosphère, et plusieurs moyens peuvent y servir ; mais le plus économique est certainement l’exécution d’ascensions dans de simples ballons libres.

A tout prendre, il n’est ni très difficile, ni très coûteux de former un personnel d’officiers observateurs pour nos dirigeables ; il suffit pour arriver à un bon résultat d’avoir la ferme intention de l’obtenir.

Puisque nous parlons de ces questions de personnel, disons un mot d’une querelle bien mesquine, qui a divisé et qui divise peut-être encore malheureusement les dirigeans de notre armée. Doit-on confier le service de l’aérostation à l’artillerie ou au génie ? J’avoue que la question me laisse froid. Que le service aéronautique soit rattaché à la troisième ou à la quatrième direction du ministère de la Guerre, peu importe. L’essentiel est que ceux qui ont à s’en occuper s’intéressent réellement à ce service, et ne soient pas la proie du « scepticisme officiel » dénoncé par le général Langlois.

Mais ce qui était inadmissible, c’est que le service fût partagé comme il l’était il y a encore quelques semaines : les ballons libres, captifs ou dirigeables, et une partie des aéroplanes dépendaient du directeur du génie au ministère de la Guerre, tandis que le reste des aéroplanes dépendaient du directeur de l’artillerie.

Nous avons toujours eu la manie de ces divisions néfastes ; pendant près de cent ans nous avons possédé des pontonniers du génie et des pontonniers de l’artillerie. Les uns faisaient les ponts de bateaux, les autres les ponts de chevalets, si bien que lorsqu’un général en chef désirait faire franchir un cours d’eau à ses troupes et qu’il s’adressait au génie pour faire construire un pont, on lui répondait parfois que la rivière était trop profonde pour qu’on pût employer les chevalets ; il recourait alors à l’artillerie qui lui répondait que le courant était trop rapide pour permettre l’emploi des bateaux. On perdait ainsi des heures et souvent des journées précieuses.

On avait eu le grand tort de commettre la même faute en aéronautique militaire. Je crois savoir qu’à l’heure actuelle on est revenu à de meilleures conceptions, et que l’on est sur le