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théologique. M. Schulte ne voulait plus ni grands séminaires ni petits séminaires, ni convicts épiscopaux. Elle régnait sur les petits curés : M. Schulte demandait que l’Etat créât un organe pour exprimer, en face des évêques, les désirs de l’Eglise, c’est-à-dire des fidèles ; cet organe, ce serait la communauté : dûment reconnue par l’État, investie par lui de certains droits, la communauté des laïques serait tout naturellement appelée à régler les différends qui surgiraient au milieu d’elle entre catholiques romains et vieux-catholiques. On dénombrerait les deux fractions rivales ; le groupe formant majorité userait de l’église aux heures où le culte s’y donnait avant 1870 ; l’autre groupe aurait le droit de s’y réunir, à d’autres heures. Le curé de la majorité pourrait avoir jusqu’à 600 thalers de revenu, et le vicaire jusqu’à 400 thalers ; si les revenus de la cure ou du vicariat dépassaient ce chiffre, le surcroît serait affecté à l’entretien du prêtre de la minorité. Des comités de fidèles régleraient à l’amiable le partage et la jouissance des biens d’Église ; en cas de difficultés, le commissaire d’État interviendrait. Vingt mille thalers seraient prévus, par le budget de l’Etat, pour les besoins généraux du culte vieux-catholique, et les évêques vieux-catholiques jouiraient des mêmes droits que les évêques de la confession romaine.

Ainsi, M. Schulte réclamait que la législation finît par avoir égard à cette confession vieille-catholique qui n’avait cependant qu’un chiffre insignifiant de fidèles, et dont l’un des rêves paraissait être, désormais, d’attribuer aux laïques, dans la société religieuse, une influence à demi directrice. Et puis, tout de suite après, au nom même du sens qu’il donnait au mot Eglise, au nom du contraste qu’il dessinait entre l’Ecclesia, communauté des fidèles, et la hiérarchie sacerdotale, au nom de ses théories historiques sur le christianisme primitif, il demandait que le législateur installât dans la confession romaine elle-même, à côté et en face de l’épiscopat, cet organisme laïque, et qu’ainsi, de vive force, on modelât l’organisation d’une Église séculaire sur l’organisation, rudimentaire encore, du vieux-catholicisme naissant. Le projet qu’apportait M. Schulte se présentait comme un tout. Si l’on en détachait quelques fragmens, M. Schulte ne garantissait plus le succès ; il insistait, surtout, pour que l’autorité de l’État attribuât à la foule des fidèles une sorte de personnalité dans l’Eglise, et donnât une