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terres volcaniques, considérées avec quelques autres îles, telles que Crozet, Bouvet, Saint-Paul et Amsterdam, comme les derniers témoins d’un continent disparu. En même temps, les astronomes, très occupés d’un phénomène qu’il s’agissait d’observer sur plusieurs points du globe, portèrent leur attention sur cette Cendrillon des colonies françaises.

Le Passage de Vénus sur le Soleil passionnait alors le monde savant.

Sur l’ordre du gouvernement de Saint-James, Nares, qui accomplissait sur le Challenger un voyage de circumnavigation, avec une mission scientifique dirigée par Wyville Thomson, se rendit aux Kerguelen, pour y choisir, s’il y avait lieu, un emplacement favorable à des observations[1]. La conséquence de cette enquête fut l’envoi, en 1874, du Volage, pourvu d’un outillage scientifique et d’un personnel compétent. L’Allemagne et les États-Unis s’inspirèrent de cet exemple. Avant le voyage du Challenger, l’ouverture seule du Royal-Sound était portée sur les cartes. On doit à Nares et à ses officiers la connaissance de ce golfe déchiqueté, qui découpe le Sud-Est de l’île principale. Les stations anglaise et américaine y furent établies, la première dans la baie de l’Observatoire, la seconde à la pointe Molloy. Quant à la station allemande, le capitaine von Reibnitz, commandant de l’Arcona, préféra la placer sur la côte septentrionale de la péninsule qui limite au Nord le Royal-Sound et qui fut, dès lors, nommée presqu’île de l’Observatoire. C’est dans une échancrure de cette côte, l’anse Betsy, que la Gazelle, commandée par le capitaine von Schleinitz, débarqua la mission astronomique dirigée par le docteur Boergen. Ses observations du Passage de Vénus, le 9 décembre 1874, effectuées par beau temps, donnèrent des résultats satisfaisans que le lieutenant Seelhorst s’empressa de communiquer à la station américaine. L’itinéraire qu’il décrivit à cette occasion, entre l’anse Betsy et la pointe Molloy, est une utile contribution à la connaissance topographique du Sud-Est de l’île, et les levers de la Gazelle, le long de la presqu’île de l’Observatoire et dans la direction de la baie de l’Oiseau, ajoutent aux travaux cartographiques des expéditions précédentes.

Nous n’insisterons pas sur ces fructueuses campagnes, ni sur

  1. Wyville Thomson, The voyage of the « Challenger »… London, Mac Millan, 1877.