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Thile aujourd’hui, il m’informa que les nouvelles les plus satisfaisantes avaient été reçues des États de l’Allemagne du Sud, que le comte de Bray avait dit au ministre français que si une guerre éclatait, la France trouverait l’Allemagne unie. De pareilles assurances avaient été également données par le Wurtemberg.  »

Le roi Louis II de Bavière, revenant d’une excursion alpestre, arriva au château de Berg le 15 juillet à huit heures du soir. À onze heures, il appela son chef de cabinet Eisenhart, tout dévoué à la Prusse, et l’entretint de la probabilité de la guerre imminente. Il désirait une solution pacifique ; Eisenhart l’estimait impossible : « Si la Bavière, dit-il, reste neutre, elle met éventuellement son indépendance en péril ; se jeter du côté de la France serait une ignominie ; l’intérêt et l’honneur exigent de respecter le traité d’alliance conclu en 1866 avec la Prusse. » Le Roi pesa rapidement le pour et le contre. Après un moment de réflexion : « Nous sommes, dit-il, en présence du casus fœderis, mais avant de prendre une décision, je veux encore attendre la lettre de Bray que doit m’apporter le conseiller Berchem. Cela est ma volonté. Bonsoir.  » Berchem arriva le lendemain au château à six heures du matin, ne portant pas de lettre de Bray, mais annonçant sa visite. Bray, en effet, venait de suggérer au roi de Prusse l’idée de donner une assurance générale que, dans le cas de la couronne d’Espagne, il observerait le même principe qui avait inspiré la France quand la couronne de Belgique avait été offerte au duc de Nemours, et l’Angleterre, quand le prince Alfred avait été élu roi de Grèce. Il avait demandée l’Angleterre de soutenir cette suggestion et il attendait la réponse. Mais en même temps, le ministre de la Guerre, Pranckh, impatienté, chargeait Berchem de faire savoir au Roi que, s’il ne recevait pas avant le lendemain l’ordre de mobilisation, il déclinait toute responsabilité… Eisenhart fit réveiller le Roi et fut reçu dans sa chambre à coucher. « Eh bien ! qu’apportez-vous ?  » Il donna le rapport de Berchem et insista sur la nécessité d’accorder immédiatement satisfaction à la conscience nationale sans attendre la visite de Bray. Le Roi réfléchit, puis soudain : « Rédigez mon ordre de mobilisation, dit-il, et invitez Bray et Pranckh à venir chez moi à quatre heures. Prévenez la presse.  » Eisenhart rédigea sur l’heure les pièces, que le Roi signa. Les ministres Bray et