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l’Italie et de manière à assurer la paix intérieure de ce royaume. » Article 8 : Le traité devait demeurer secret.

Dans ce traité, un article, l’article 7, se heurtait à la résolution irrévocable du gouvernement français de ne pas aller au-delà de la Convention de septembre. C’était son moindre défaut. L’article 5 était plus encore contraire à nos intérêts : les deux parties ne s’engageaient à mettre leurs armées sur pied de guerre qu’aussitôt que faire se pourra, c’est-à-dire quand elles le voudraient, c’est-à-dire, s’il leur plaisait, jamais. Ce traité n’en était donc pas un, puisqu’il n’impliquait aucune obligation formelle et, qu’il fût ou ne fût pas signé, il importait peu, car dans les deux hypothèses la situation de l’Empereur demeurait la même, et, pas plus dans un cas que dans l’autre, il n’avait une alliance effective.

Cette fois il n’existait aucun doute sur l’origine italienne de l’article 7, mais l’article 5 provenait de Beust et indiquait son état d’esprit. Il se révèle encore mieux, à la même époque, dans une lettre privée à Gramont. Il avait répondu sommairement à sa première lettre du 17 juillet, et, si ce n’est indirectement par La Tour d’Auvergne, il ne s’était pas expliqué avec lui sur deux propositions pratiques qu’il lui avait adressées ; 1° l’envoi de quelques troupes à la frontière de Bohême : 2° une négociation à entreprendre avec la Russie. Il était poli ; il ne voulait pas rompre ; il sortit de son silence et écrivit à Gramont : « Mon cher duc, je n’ai pu répondre que bien imparfaitement aux deux intéressantes lettres que vous m’avez écrites le 17 et le 19 de ce mois. Bien que la marche rapide des événemens ait distancé la plupart des questions soulevées dans ces lettres, j’y reviens aujourd’hui pour mieux vous prouver tout l’intérêt que j’attache à cet échange direct d’idées. J’espère que vous voudrez bien le continuer et que nous maintiendrons ainsi nos bonnes relations personnelles d’autrefois. Je regrette de devoir constater combien se sont réalisées toutes mes prophéties sur les conséquences de la précipitation avec laquelle le gouvernement français a engagé l’affaire. Je ne prétends assurément pas vous adresser des reproches à ce sujet, car il est clair que l’intérêt de la France devait être le principal mobile de votre conduite. S’il exigeait une action aussi rapide, nous n’avons pas le droit de nous en plaindre, mais, nous connaissant aussi bien que vous le faites, vous devez sentir, de votre côté, dans quels cruels embarras vous nous avez jetés. D’abord, il était impossible d’être